Le baquet de sang de Roger Corman, revu jazz par Steve Potts

Sur un modèle de dialogue concis, précis efficace, la conversation entre le flûtiste Michel Edelin et le saxophoniste Steve Potts est la matière d’un livre très jazz dans la forme  comme l’esprit : Bucket of Blood, paru dernièrement aux éditions Lanka Lente. 

Longtemps compagnon de jeu de Steve Lacy, Steve Potts a aussi collaboré avec  Miles Davis, Wayne Shorter, John Coltrane, Eric Dolphy, Tony Williams, Ron Carter, Charles Lloyd, ou encore Chico Hamilton, tous grands participants du l’histoire du jazz. C’est à la fois le propos et pas le sujet où Edelin trace à coups de relance la vie la nuit au club 7 Lézards avec un auditoire conquis par les souvenirs, comme Tavernier le fit avec Round Midnight. Du gris du bleu, des sons et des humains qui se croisent en se racontant leurs vérités, ici toutes bonnes à dire.

Michel Edelin est un flûtiste de jazz français. Partenaire régulier de Steve Potts du temps des 7 Lézards, il a aussi souvent joué aux côtés de François Méchali, Jean-Jacques Avenel ou Jacques Di Donato et a invité Nicole Mitchell et Steve Lehman à augmenter ses propres formations. Excellent conteur, il file l’histoire dans l’Histoire avec un Potts multi-forme qui a plus d’un tour dans son sax pour dire Paris.

 
 

Ainsi, soir après soir, au bar du 7 Lézards,  Edelin a patiemment recueilli le témoignage de son ami Steve Potts.« Après le dernier set, explique-t-il, le récit de ses rencontres, de sa vie aux États-Unis, de son arrivée en France… captivait un petit auditoire fait de musiciens et d’habitués du club. Quand l’un d’entre eux s’est exclamé « C’est fabuleux ce que tu as vécu, dommage que ça reste entre nous… », “Bucket of Blood était né… et vient de paraître en février dernier aux éditions Lenka Lente.

On y retrouve le jazz vu de l’intérieur, avec moult anecdotes et  histoires graves ou marrantes des jazzeux saisis en vol, en plein effort ou en douce décontraction. 100 pages ébouriffantes autour e la passion de la  vie, de la musique et de comment faire pour ne  pas sombrer en milieu hostile. Plus qu’un simple survol de carrière, c’est un univers qui bouillonne qu’on nous colle sous le nez, un monde vivant et qui le revendique à coup d’anecdotes incroyables et de leçons de vie tourneboulantes. A classer au côté du Moins qu’un chien de Mingus. Et puisque de Lacy, le compère il fût, à tout seigneur, tout honneur … 

Je vous laisse découvrir le sens donné par Potts à son baquet de sang, assez loin du film de Corman… 

 Jean-Pierre Simard le 20/03/19

Steve Potts ( avec la collaboration de Michel Edelin) - Bucket of Blood - éditions Lenka Lente