Sons d'Hiver cuvée 2019, vingt-huitième état des lieux du 94 en jazz et plus
Elevé aux festivals, j’ai toujours préféré payer une place moins de 25 € que devoir cracher de 60 à 100 et plus dans une grande salle parisienne. Alors oui, souvent franchir le périph est un moins pour certains. Mais quand on y découvre/retrouve Anthony Braxton, Bill Laswell ou Steve Coleman, on se dit qu’au delà du périph, les transports en commun ne sont pas forcément l’apanage de la RATP… Envoi !
Comme d’hab, le double édito annonce la couleur et comment s’en servir:
Pour sa 28e édition, Sons d’hiver pousse encore plus loin l’exploration des territoires, à commencer par celle de son territoire géographique, en proposant des concerts, pour l’essentiel inédits, dans pas moins de 14 villes du département. Tout en renouvelant ses compagnonnages historiques avec des musiciens comptant parmi les légendes du jazz, cette nouvelle édition fera, en effet, une large place à une nouvelle génération qui n’hésite pas à briser les codes pour ouvrir de nouvelles voies, démontrant que les rencontres artistiques sont d’inépuisables sources de richesses et le champ jazzistique un terrain d’innovation toujours plus prolifique. De projets jamais joués en France en sorties d’album, ce 28e Sons d’hiver nous emmènera ainsi encore plus loin dans le croisement des cultures, des répertoires et des disciplines, avec pour unique fil rouge la liberté de créer et l’envie de partager avec le plus grand nombre la conviction que « l’art est une arme dans le combat des idées ». Parce que cet engagement résonne avec celui de notre collectivité en faveur de la culture, notre Département, qui a accompagné la naissance de Sons d’hiver, est particulièrement heureux d’être toujours à ses côtés, malgré les contraintes financières imposées. Mais parce que cet engagement est d’abord celui du directeur d’hier et de celui d’aujourd’hui : à l’heure où Fabien Barontini passe le relais à Fabien Simon, à tous les deux nous voulons dire Merci !
Christian Favier Président du Conseil départemental du Val-de-Marne
Magiciens du son aux semelles de vent, les artistes invités à Sons d’hiver jouent l’indicible, inspectent l’invisible, bousculent les règles, brouillent les pistes, hurlent à la face du monde leurs quatre vérités. Ils révèlent un espace sans frontières où règne la poésie. La poésie est là, devant nous, à l’horizon, plus loin encore, partout. Elle nous submerge si l’on prend la peine de la débusquer. Saisissons-là !
Fabien Simon, Directeur de Sons d’Hiver
Si en sortant du taf, vous avez envie de découvrir des musiciens qui savent échanger autrement qu’avec leurs simples instruments (pardon, c’est souvent des virtuoses !) pour dire ce qui les motive en parlant de leurs bonheurs d’écoute ou de découvertes, vous serez mûrs pour les Tambours conférences à 18 h. Programme en fin de papier… et l’occasion de retrouver, au hasard, Evan Parker, Julien Desprez ou Danyël Waro.
Mais, si vous n’êtes dispo qu’autour de 20 heures, vous aurez l’occasion de découvrir des concerts, pour l’essentiel inédits, dans pas moins de 14 villes du 94. Alors, partirez-vous en quête de nouvelle formule de trio de base jazz avec Eve Riesser ? du son hautement improbable mais puissant de la rencontre du batteur Tyshawn Sorey avec le sax en fusion d’Evan Parker ? (Arcueil le 5/02 Serez-vous sensible au collectif free Irresistbile Entaglement puis de Marc Ribot qui vient hurler avec ses Ceramic Dogs ses chants de résistance à Donald Duck/Trump ? (Alfortville le 8/02- sorry c’est complet !) On pourrait dévider point par point- mais c’est aussi chiant pour vous que moi et … la totale est en fin de papier, on le rappelle…
On pourrait tabler sur le concerts qui parlent politique et tisser des liens entre situation des afro-américains et la résistance des gilets jaunes à la macronerie aussi généreuse en fake politiques que radine en réformes populaires. On se contentera de rappeler que nos gentils élus ne rêvent que de Paris musée, ville sans vie après 22 heures sous contrainte d’amende et d’astreintes en cas de non bêlement, avec le troupeau des endimanchés gilets rouges… Et objectivement, on trouvera que toute politique culturelle qui se respecte fusionne recherche, avant-garde et témoignage au présent. Et on avouera tout le respect qu’on porte à ceux qui ont su durer : Braxton depuis les années 60, Bill Laswell depuis les années 80 et Steve Coleman depuis 90. En un combat de chaque jour, en un combat douteux, puisqu’on n’est jamais sûr de durer. La beauté de la culture, de la persistance d’une vision. Et du son bordel !
Jean-Pierre Simard le 4/02/19
Sons d’Hiver -> 23/02/19