Disco/ Not Disco, that is the Question

En 2000, à sa sortie, “Disco Not Disco” était une compilation synchrone avec son époque. Sortie à l’apogée de l'intérêt pour les mythes, l'histoire et les playlists des clubs new-yorkais originaux comme Paradise Garage et The Loft, l'album s'inspire des limites de la disco de gauche défendue par Levan et Mancuso.

Rassemblant quelques hymnes improbables du dancefloor signés de Yoko Ono et Ian Dury, des raretés de labels comme BC et Splash, tout comme des compositions de l’outsider d'avant-garde Arthur Russell, c'était essentiellement une célébration du melting pot sonique à New York début 80’s, un moment d’après l’extinction du punk et de la disco saccharine ; un passage de relais au post-punk et à la scène downtown.

Est-ce bien de la disco ? A vrai dire pas complètement. Il suffit de regarder le titre. Et il a été inspiré par l'un des groupes présentés ici, Was (Not Was), qui était loin de l’être, à réinventer Tamla-Motown en funk électro avant de devenir plus tard ,le producteur des Rolling Stones. La plupart de ces chansons datent de l'ère post-punk, et comme beaucoup de groupes de cette catégorie, ils brouillent la frontière entre attitude punk et réinvention du rythme de la danse. Alors qu'est-ce ? C'est juste Disco Not Disco, une compilation adaptée au dancefloor, issue des bacs de DJs comme Larry Levan, qui faisait danser les clients de son club avec des trucs aussi bizarres que Ian Dury et son "Spasticus Autisticus", le Don Cherry de "I Walk" et la Yoko Ono de "Walking on Thin Ice", avec un titre co-écrit et produit par John Lennon, ainsi que les recettes efficaces de Liquid Liquid avec "Cavern" et l'esprit sauvage du producteur/auteur Arthur Russell, qui est à l'origine d'une poignée des principaux titres que l'on trouve ici (du "Kiss Me Again" de Dinosaur au "Tree House/School Bell" de Indian Ocean (Pt. 1)”).

Compilée avec brio par Joey Negro et Sean P., DJ de Kiss FM, cette compilation transmet très exactement l'esprit de cette époque de collisions culturelles. Non seulement la musique n’a pas pris une ride ( essayez comme playlist, ça fonctionne toujours excellemment bien…), mais les notes de pochette racontant l’histoire de chaque titre, ne font qu’ajouter à la mystique du propos. Pour la culture club, c’est un moment de bascule qui s’éloigne du rock après avoir inventé le maxi single et attend impatiemment l’avènement du hip hop, de la house et de la techno. Tout bon ! Recommandé chaudement.

Jean-Pierre Simard le 12/11/19

Various Artists - Disco Not Disco - Strut Records