La bonne surprise Arctic Monkeys de Tranquility Base Hotel & Casino

Cinq ans après avoir conquis le monde avec AM, les Arctic Monkeys modèrent leurs ardeurs avec le surprenant Tranquility Base Hotel & Casino. Un virage à 180 degrés qui déboule dans un univers clair-obscur où le piano de Turner et les étincelles brillent de mille feux.

Ce sixième album s'inscrit dans la continuité de leur carrière au cours de laquelle le quartet de Sheffield casse les codes établis pour passer du garage au lounge, dans une chambre luxueuse (faut bien évoluer), entre storytelling torturé et guitares-synthés bien huilés. 

TBHC démarre avec une référence aux Strokes sur Star Treatment, qui nous emmène tranquillement vers une ballade raffinée : One Point Perspective. Nous voici prêts pour l’enchaînement fascinant de Tranquility Base Hotel & Casino, Golden Trunks, et un Four Out of Five qui fleure bon son David Bowie. On est au cœur d'un noyau dont on ne ressortira plus, repartant pour un tour de manège avec The World’s First Ever Monster Truck Front Flip.

Si le projet n'offre aucun tube au premier chef, sous forme de single, il avance son lot de découvertes jusqu’au plus profond de chaque titre. Car, avant la sortie de ce sixième album, aucun titre n’en avait été dévoilé, histoire de préserver la surprise façonnée par le crew d’Alex Turner. 

Jusqu’ici, Turner observait essentiellement les autres, en ne se dévoilant qu’à travers son regard. Cette fois, le ton se fait plus intime, plus existentiel. Qui suis-je ?, où vais-je ?, semble-t-il s’interroger face à un monde en pleine confusion, ravagé par la surconsommation et la superficialité. Sur des tempos moyens ponctués d’un clavier prévalent mais tempéré, enrichis d’effets et d’arrangements subtils mais jamais anodins — les trois autres musiciens, investis dans le projet, sont bien présents —, les morceaux paraissent avancer à l’aveugle, comme portés par les pensées à voix haute de Turner qui se muent immanquablement en chansons, affirme trankilou Hugo Cassavetti dans Télérama. En impeccables morceaux ajouterais-je. 

Sûr que le quête existentielle de Turner le rapproche beaucoup de Bowie. Mais bon, la lucidité aidant, avec un regard décillé sur le monde et ses actuelles cata - qui s'en plaindra. 

Maxime Duchamps le 1/06/18
Arctic Monkeys Tranquility Base Hotel & Casino, Domino/PIAS