S'immiscer dans les volumes inversés de Yasuaki Onishi

Yasuaki Onishi présente ici une installation de la série Reverse of Volume. Cette série née en 2010, s’inscrit au sein du projet intitulé Sculpting Emptiness / Sculpter le vide. Ce travail se distingue d’expressions sculpturales préexistantes, tout en examinant ce qui fait leur essence.

Yasuaki Onishi crée des sculptures qui manifestent des espaces généralement considérés comme creux ou vides, autour de thèmes classiques tels que volume, verticalité, distance. À partir de matériaux qui résistent à prendre forme — colle, feuille de polyéthylène — et par un travail constitué d’actions, de phénomènes et de temps comme composantes essentielles, il applique une sensibilité délicate et élabore des formes à la limite entre agencement humain et nature. Adoptant des formes qui semblent se matérialiser comme paysages — vastes montagnes ou grottes glaciaires, mers fouettées par le vent ou silhouettes de nébuleuse, ces formes moulées occupent l’espace et enveloppent le spectateur. Le matériel transformé en œuvre devient substance et révèle des éléments invisibles, transformant l’espace en réceptacle de beauté où s’accumule l’infinité des pensées et des imaginaires. À travers les sculptures d’Onishi, nous apercevons furtivement des passages vers l’envers du monde dans lequel nous vivons.

Pour ces Reverse of Volume, Onishi s'est servi de feuilles de polyéthylène déposées sur une pile de cartons d’emballage, créant une silhouette de formes vagues ressemblant des crêtes montagneuses. De la colle fondue a été déversée sur l’édifice directement depuis un pistolet à colle chaude, créant de nombreuses coulées verticales qui recouvrent la partie supérieure. Les cartons ensuite ôtés révèlent la pièce.
Le spectateur qui pénètre à l’intérieur de l’œuvre est baigné d’une alternance de lumière tamisée et d’ombres crées par la matière flottante et, « voyant la sculpture sur l’envers » est exposé à une sensibilité nouvelle.

L’installation offre aux visiteurs de nombreux panoramas sur cette montagne inversée. D’un premier regard, il saisit les ondulations de la fine surface extérieure suspendue. La perception change lorsque le visiteur entre sous l’enveloppe semi-translucide à l’échelle du corps, s’apparentant à une cavité rocheuse. De l’intérieur, il peut contempler à son aise la gradation de l’ombre et de la lumière. La membrane frémit à son passage – signe que la fragilité de l’installation contraste avec la massivité et la permanence attachées au paysage montagneux : cet environnement artificiel joue de l’ambiguïté entre une surface inframince et infravisible et la masse rocailleuse du paysage d’altitude. Si vous aimez les installations immersives et sensorielles, ne ratez pas ce travail. 

Félix Guétary le 16/05/18

Yasuaki Onishi — Reverse of Volume -> 21/06/18  

Galerie Virginie Louvet 43, rue Chapon 75003 Paris