La house berlino-coréenne de Peggy Gou fait swinger les clubs
Il est l'heure de ressortir les combinaisons fluo pour être raccord avec les sons de Peggy Gou et sa musique fluo-jazz-house qui fait vraiment beaucoup de bien. Once, c'est rien que du bon !
Présente sur la scène musicale, depuis seulement une poignée d'années, Peggy Gou, l'artiste sud- coréenne relocalisée à Berlin est une étoile en phase ascendante. Productrice, compositrice et DJ, of course, elle sort des trucs imparables dont on sent de suite les influences et les directions lors de ses sets aussi colorés que la plupart de ses productions. Ainsi, son EP “Day Without Yesterday” de 2016, paru sur Phonica White label, avec ses accords marqués et son groove élastique évoquent tour à tour aussi bien Pépé Bradock que Maurice Fulton. Mais le son pétillant avec synthés tremblants et basse tracteur la distinguent de ses concurrents - rappelant les meilleurs moments des Masters at Work Kenny Dope et Little Louie Vega. Sur “Rose,” c'est le jeu entre les vocaux criés (“Like me! Like you! Like all of us!”) qui fait contraste avec les couches de synthés et l'enchevêtrement des textures qui emporte l'adhésion.
Once est sa première sortie depuis un an et demi et, avec ses trois titres, montre l'évolution de la dame. C'est la première fois qu'elle chante sur ses titres, sur “It Makes You Forget (Itgehane),” elle passe sans encombre du murmure au chant avec un vrai bonheur, en mode spoken word. Et la placement de la voix, bien bas dans le mix, oblige à l'écouter vraiment, d'autant qu'elle s'exprime uniquement en coréen - ce qui ajoute à l'étrangeté de la voix. Surtout que, sur le chorus elle part dans un son qui évoque la pop brésilienne - et donne ainsi de la consistance acid à un titre déjà conçu en couches multiples qui font ressortir des vibraphones et des claviers jazz, tout en couleurs pétard.
“Hundred Times” se la joue clubber avec des rythmiques qui emmènent, façon 90's, et plus particulièrement Prescription Records, pendant que le titre est centré sur des synthés élastiques et des accents vacillants du plus bel effet, conçu autour d'éléments flottants qui passent et disparaissent chacun leur tour. Mais on connaît aussi sa passion pour les sons de Detroit et son electro qui montrent le bout de leur nez sur le titre final “Han Jan,” tout en faisant glisser les sons du futurisme américain automobile à des accents funk originels, en balançant entre spoken word et chant, en anglais et en coréen.
En résumé, appuyé sur des rythmes rapides et des basses caoutchouteuses (remember Metro Area's productions), c'est le son des synthés qui fait la différence ici avec des couleurs aquatiques bien flashy et la voix intégrée comme élément qui passe de texture à motif central. A ce titre, le (“You gotta do it right/Enjoy your life/You gotta do it right”) va faire un carton en club. Ce qui est le moindre mal qu'on puisse lui souhaiter. House with a difference- et même house renouvelée… Grave accro !
Little Louis Mega le 8/03/18
Peggy Gou - Once - Ninja Tune