Emakhosini, le son de Soweto dépote toujours

Découvert l'an passé à la Dynamo de Banlieues Bleues avec Shabaka Hutchings en guest, j'avais assisté à un des meilleurs concert de l'année, la salle debout, dansant dès le second morceau. Pour ne pas faire mentir leur réputation d'affoleurs de groove, ils reviennent cette année dans une plus grande salle et sortent un nouvel album. 

Après The Healer de l'an passé, voici que déboule Emakhosini. Sans s’appuyer sur aucune tradition précise, le collectif de Soweto, BCUC (pour Bantu Continua Uhuru Consciousness, traduisible par “l’homme en quête de sa liberté de conscience”) pratique une musique tribale et hybride, à la fois moderne et inspirée par les ancêtres zoulous, mais sans passéisme ni ajout électronique. Des percussions soutenues, des voix positivement énergiques et une basse agile et profonde sont le cœur de leurs longs morceaux qui, tout en apportant un regard éclairé et critique sur la société sud-africaine, mène l’auditeur vers la transe et la joie. 

Emakhosini n’est que le second album en quinze années de carrière de cet impressionnant groupe de scène. Il porte le nom du lieu où les ancêtres se reposent et propose deux longues improvisations extatiques et stimulantes Moya (l’esprit) et Insimbi (l’acier) et une adaptation désacralisée du Nobody Knows, tiré du répertoire gospel. Assister à une prestation de BCUC est une expérience inoubliable, à laquelle ce disque, quasi thérapeutique, prépare de la meilleure des façons. On vous signalera le concert à la bonne date. Pour sûr ! En attendant, rien ne vous empêche de danser devant votre écran… 

Jean-Pierre Simard le 20/03/18

Emakhosini Bantu Continua Uhuru Consciousness, Buda Records