Corée graphie : la première Communion de Park Jiha
La musique de Park Jiha a combine le formalisme du minimalisme classique, l’enracinement des motifs folk coréens et la dynamique du jazz contemporain, comme du post-rock. Le résultat ici présenté s'intitule Communion et on partage l'hostie fastoche. Explications
Les abonnés de l'Autre Quotidien savent que le scène musicale est aujourd'hui mondiale et que peu importe la couleur du pays, c'est le son et ses avancées qui prime dans nos choix (même régressifs certaines fois); alors qu'arrive ces dernières années une vague croissante d’artistes coréens n'a rien de symptomatique. Des groupes tels que Jambinai, Black String et le duo 숨[suːm] ont créé des univers sonores excitants qui combinent l’instrumentation et l’expression complexe de la musique traditionnelle coréenne avec d’autres sons comme le post-rock, la musique downtempo et le minimalisme de la musique classique. Rien d'étonnant, quand la scène hip hop d'avant-garde ne se gêne jamais pour aller puiser où bon lui semble la matière de ses samples. Cet album de Park Jiha, intitulé Communion, est un pas en avant vers un vocabulaire musical plus personnel et tourné vers l’avenir, tout en restant gravé dans son éducation musicale traditionnelle.
« Je joue d’un instrument coréen traditionnel appelé piri, une sorte de hautbois. C’est une flûte à double anche en bambou qui peut être assez bruyante. J’utilise aussi un autre instrument traditionnel, le saenghwang, un instrument en bambou avec de nombreux tubes, semblable à la bouche humaine. Je peux également jouer le yanggeum (instrument à cordes), des percussions ou chanter, selon le type de musique que je compose. Le piri reste mon instrument principal, il possède la structure la plus simple avec énormément de variations dans le jeu, c’est le plus attrayant. Sa forme est humble, mais elle peut dégager une énergie sensible et profonde. Je me sens moi-même quand je joue de cet instrument. »
Park Jiha
Park Jiha a commencé par fonder le duo 숨[suːm] avec Jungmin Seo en 2007, après avoir terminé ses études musicales. Leur musique composée d’instruments traditionnels soutenus par des structures musicales peu orthodoxes exerce une influence immédiate sur la scène coréenne. Le duo sort les albums Rhythmic Space : A Pause for Breath en 2010 et 숨[suːm] 2nd en 2014 qui leur permettent d’être invités à des festivals internationaux comme SXSW ou le WOMAD. Mais Park Jiha ressent ensuite le besoin d’explorer une musique très différente. Elle met le duo en pause et s’entoure de John Bell (vibraphone), Kim Oki (clarinette basse, saxophone) et Kang Tekhyun (percussions) pour créer Communion, son premier album solo.
Minimaliste, transcendant et hypnotisant, Jiha Park épate avec cet excellent premier album qui amalgame Levon Minassian, Glass, jazz ECM, Portico Quartet et musique traditionnelle coréenne. Difficile à classer, de jazz ambient à trip hop d'ailleurs, en passant... par quoi d'ailleurs ? C'est ce manque de registre défini qui fait ici signe et nous plait. Pas de mots, juste des sons qui accrochent et séduisent par leur étrange proximité d'ailleurs. On est plus que séduit, ravi !
Jean-Pierre Simard le 2/03/18
Park Jiha - Communion - (tak:til / Glitterbeat / Differ-ant)