Chris Shaw envisage la photo de nuits d'hôtel en (tous) petits matins

In)(between Gallery a invité Chris Shaw à présenter des tirages de sa série (et livre) Life As A Night Porter. Une œuvre étrange qui emprunte autant à Liliana Cavani, qu'à Weegee ou encore à Daido Moriyama: cru, sale, porno, intriguant mais ô combien vivant. Images de la marge, écrites dans les marges.

Cette sélection de 40 tirages à la gélatine argentique sur papier baryté, réalisés à la main, présente la quintessence du monde hôtelier nocturne de Chris Shaw et de ses personnages bizarres : les veilleurs de nuit, les chefs et les autres employés de l’hôtel, mais aussi les clients eux-mêmes. La sensibilité expressionniste de Chris insiste sur la richesse et la beauté particulières de ces scènes nocturnes contrastées. Ses œuvres soulignent le caractère étrange des nuits passées par l’auteur dans des hôtels pendant de nombreuses années, mais aussi le charme dès les imperfections et les défauts de la photographie argentique traditionnelle en noir et blanc.

 

En 1983, alors que Chris travaille à Hamilton, dans l’Ontario,  il parcourt des recueils de photographies en bibliothèque et découvre une œuvre d’Ikko Narrahara intitulée Two Bins in Mid Air, extraite de sa série New Mexico. Il décide sur le champs de devenir photographe.

Au début des années 1990, de retour à Londres et à la rue, il  finit par décrocher un emploi dans un hôtel, avec hébergement. S'ensuivra, pendant 10 années et 8 hôtels différents, un job de réceptionniste de nuit. Pour rester éveillé pendant ses gardes, il commence à photographier les espaces, ses collègues, les clients et, de manière générale, la vie nocturne dans les hôtels où il est employé. C’est à cette période, pendant laquelle il ne voit pratiquement pas la lumière du jour, que se rapportent la série et le livre Life As A Night Porter.


Shaw est un photographe en contact non seulement avec ce qui se trouve devant l’objectif de son appareil, mais aussi avec le processus d’impression dans la chambre noire. Les tirages argentiques qu’il réalise lui-même sont le résultat de sa communication permanente avec les caractéristiques physiques du support (le film, les négatifs et le papier) et les personnages et les espaces figurant sur ses photographies.

Porté par cette communication intime, il produit à la main de stupéfiants clichés et les imperfections et les défauts naturels du film, de ses négatifs, deviennent la texture commune à ses œuvres, reliant entre eux ses sujets étranges et plutôt imparfaits, tout en présentant leur richesse et beauté particulières.

Toutes ses photographies présentent ce trait commun : celles que Chris a prises alors qu’il était réceptionniste de nuit, celles de sa ville natale Wallasey (Weeds of Wallasey), réalisées lors de la dernière visite qu’il a rendue à son père, mais aussi les Horizon Icons, des clichés du Parc national de Joshua Tree, dans le désert californien, ou encore des portraits, extraits de Retrospecting Sandy Hill, réalisés à ses débuts, lorsqu’il était étudiant en photographie.

Gilles Dalose le 5/02/18

Small Mornings de Chris Shaw -> 24/02/18
In)(between Gallery 39, rue Chapon 75003 Paris 

Life as a Night Porter de Chris Shaw, Twin Palms Publishers 2005