Ebola ou la propagation d'une pandémie en B.D.
Comment raconter la propagation d'un virus qui va décimer l'Afrique ? Barroux aux crayons et Paule Constant ont choisi la bd pour le faire. Regarder se propager le virus est assez époustouflant. Bienvenue dans le cauchemar Ebola.
Bienvenue au Congo, sur les bords de la rivière Ebola, dans un petit village niché au milieu des manguiers. Olympe, une fillette solitaire, vient de voir son après-midi s’illuminer. Elle est tout heureuse, elle vient de recueillir un adorable bébé chauve-souris dont elle va pouvoir s’occuper. Les garçons du village, eux, viennent tout juste de rentrer d’une nuit de chasse. Ils exhibent fièrement la dépouille d’un immense dos argenté. L’ont-ils abattu ou juste ramassé ? Peu importe, le village est en ébullition, un festin de viande de brousse boucanée se prépare. Mais les apparences sont trompeuses, un mal insidieux rôde. Le vin de palme coule à flots, les hommes dansent, personne ne le sait encore, mais une menace sourde et rampante s’apprête à déferler sur la région. Le virus guette, le pire se prépare, Ebola est juste là.
Adaptée du roman éponyme de Paule Constant, Des chauves-souris, des singes et des hommes est une bande dessinée poignante et troublante. Au premier abord, on pourrait s’attendre à découvrir un roman graphique plein de vie. En effet, le dessin coloré, naïf et brut de Barroux plante un décor africain plutôt accueillant, entre terres rouges et végétation luxuriante. Puis on entre dans l’histoire, et on assiste, impuissant, à la naissance et à la propagation d’une des plus virulentes épidémies de ces dernières années. Le récit est fort, les mots sont pesés, ciselés et chaque phrase contribue à installer cette ambiance suffocante. Ici pas de bulles, mais des blocs de texte qui viennent s’articuler avec des cases isolées, des cabochons, des illustrations en pleine page. La composition, le rythme et le rapport entre l’écrit et les images sont particulièrement soignés et percutants. Le lecteur est happé, plongé au coeur de cette tragédie. Une lecture marquante !
Des chauves-souris, des singes et des hommes de Paule Constant et Barroux, éditions Gallimard, collection Fétiche
Alfred Schweitzer le 26/02/18