Nom de Dieu, par Kenny Ozier-Lafontaine

Dieu, ta robe de pierre nous éclaire parfaitement
Dieu, tes doigts de sucre nous protègent
Dieu, fais revenir du père le fils que tout homme verra
Dieu, ta culotte de soie 
rouge prune
m’émerveille 
Dieu, ta verge de feu
tendue aux quatre coins du cosmique m’apprends à
ne plus craindre les araignées
la poussière
les sabliers
les montres à quartz
Dieu, les flics du panthéon te cherchent, ils veulent te faire le cul !
Dieu, une ambulance est ton oeil droit,
un cimetière encore vide
mais pas pour longtemps
est l’étendue de ton squelette
Dieu, l’enfant tournesol regarde le soleil dans les yeux
et il dit que c’est toi, des trois, qui est l’aveugle
je vais le battre
comme un chien
Dieu, au dedans de dieu, il y a le dehors de l’homme,
au dedans de l’homme, il y a le dehors de dieu,
comme un gant vide que l’on retourne, sans cesse ,
ou alors une pièce de monnaie 
à trois faces
lancée en l’air 
et qui ne retombera pas
Dieu, embrasse moi avec la langue
Dieu, ne me laisse pas mourir
Dieu, ta gueule !
Dieu, lèche moi les yeux, les pieds, les narines, les orifices verticaux !
lèche moi mes triangles de viande ! mes losanges ! mes trapèzes équidistants !
Dieu, t’es beau comme une gonzesse démaquillée la nuit du réveillon !
comme une maman, cheveux blanc, qu’a fait couler son mascara 
avec des larmes 
bleues blanc rouges, comme platini !
montre moi tes yeux !
montre moi ton ventre !
montre moi tes fesses !
montre moi ta glace vanille-fraise !
montre moi tes communistes ! ton commandant cousteau ! ton germinal ! ton aviation française ! ta pulpe verte ! tes assassins ! ton petit spirou ! ton papillon couleur framboise ! 
montre moi tes eaux minérales ! ton évian ! montre moi ta vichy ! ton miel qui sent le sexe et le parfum de femme de ménage ! montre moi tes grandes eaux ! recouvre moi de stupre !
montre ta poitrine d’actrice porno croate ! ta musique prétechnoÏde ! tes policiers protopunk ! tes symboles maoïstes ! tes symboles tout ronds tout roses ! tes glycines ! tes résédas ! ton cancer de l’utérus !
montre moi tes poils roux ! tes poils blonds ! tes poils roses !
montre les moi tes vulves maya ! tes orgasmes d’incas !
Dieu ! fais pas ton foie malade !
lâche toi !
fais pas ton coyote à pois jaune !
mangeur de pomme !
Dieu, un cadavre rouge voyage dans ton sang
un bateau-cimetière vogue dans tes os !
Allez dieu ... suce moi l’oeil !

Kenny OZIER-LAFONTAINE (parfois Paul Poule) est poète, plasticien, vidéaste, né pour la première fois à Fort-de-France, Martinique
Dessin ©
Paul Poule et Pierre Papier