Valentine Schlegel : cette femme pourrait dormir dans l'eau
L’exposition Cette femme pourrait dormir dans l’eau a été conçue par l’artiste Hélène Bertin, suite à une recherche sur l’art de vivre et la pratique artistique de Valentine Schlegel auprès de ses proches, ses élèves et ses collectionneurs. La voyant tranquillement faire la sieste dans n’importe quel espace, l’un de ses amis pêcheurs choisit cette expression sétoise pour nommer son attitude sereine.
Née en 1925, Valentine Schlegel a développé une pratique plastique quotidienne et mutante entre Paris et Sète. À l’image d’un couteau suisse, elle maîtrise plusieurs techniques pour réaliser des objets usuels aux corps sculpturaux: couverts en bois, vases en céramique, sacs en cuir, cheminées en plâtre. Conçu sans hiérarchie, souvent en collaboration avec ses amis, ce corpus est fait d’objets de différentes dimensions et aux usages tantôt fantaisistes, tantôt quotidiens. Valentine Schlegel a également réalisé nombre d’éléments architecturaux en plâtre destinés aux intérieurs. Ces sculptures à vivre sont aussi, par leur caractère indéplaçable, la raison pour laquelle son travail est resté méconnu. Si par ses œuvres elle ne s’adresse pas uniquement au monde des expositions, elle participe néanmoins à certains événements historiques du Musée des Arts Décoratifs, à l’époque où le Centre Pompidou n’existait pas encore.
À travers la pratique de cette artiste, Hélène Bertin cherche aujourd’hui à mettre en valeur l’importance d’autres adresses de l’art. Cette femme pourrait dormir dans l’eau articule deux parties. Une première, visuelle, constituée d’une sélection d’œuvres. Une seconde, vivante, ponctue l’exposition d’une cueillette, d’un dîner römertopf, de polémiques autour du foyer de la cheminée présentée dans l’exposition, et d’ateliers pour enfants, inspirés de la pédagogie que Valentine Schlegel développe lors des «Ateliers des moins de 15 ans» au Musée des Arts Décoratifs. L’exposition s’accompagne de la publication d’un catalogue «bio-monographique» édité par future.
Valentine Schlegel est née en 1925 à Sète. Elle étudie à l’École des beaux-arts de Montpellier où elle commence une pratique de dessin. Elle travaille pour les premiers festivals en Avignon comme assistante costumière, accessoiriste puis régisseuse en chef. En 1945, elle monte à Paris et découvre la céramique avec Frédérique Bourguet puis avec sa sœur Andrée Vilar. Dès le début des années 1950, elle fait cavalière seule et imagine une série historique de céramiques montées au colombin. Dès 1960, elle prolonge sa passion pour l’art du feu par la construction de cheminées en plâtre qui se poursuit jusqu’aux années 2000. Ses sculptures à vivre respirent son paysage natal méditerranéen. Pendant ses temps libres, elle expérimente les matériaux vernaculaires de Sète, comme le bois et le cuir, qu’elle travaille avec ses amis. En parallèle de sa production plastique, elle fonde le pôle modelage des Ateliers des moins de 15 ans au Musée des Arts Décoratifs de Paris où elle enseigne de 1958 à 1987. Avec une pédagogie inventée, elle rencontre trois de ses futurs assistants et elle expose à plusieurs reprises au musée.
Hélène Bertin est née en 1989 dans le Luberon. Elle traverse doucement la France en suivant les cours d’art appliqués au lycée en Avignon, de l’École des beaux-arts de Lyon puis de l’École des beaux-arts de Paris-Cergy. À la fin de ses études, elle s’installe à Paris et à Cucuron, son village natal. Elle développe une pratique qui met en mouvement le travail d’artiste, de curateur et d’historienne. Ses objets de sculptrice ont des qualités usuelles qui se dérobent à l’espace du white cube. Ils se vivent dans l’intimité de la sphère privée, comme l’espace de l’atelier, de la maison, et en extérieur. Hélène Bertin travaille aussi en collectif avec Plafond, avec qui elle partage des moments de réflexion et des expositions. Avec l’aménagement de son atelier à Cucuron, le «workshop culinaire» est l’un de ses terrains d’expérimentation collective où des artistes se regroupent autour de mets qu’ils confectionnent, mangent et digèrent ensemble. Investie dans son village, c’est dans un vignoble de vin naturel qu’elle a récemment organisé sa première exposition collective. Depuis plusieurs années, elle réalise des recherches autour de Valentine Schlegel qui, comme une guide, lui a ouvert sa pratique originale et libre de l’art.
Maxime Duchamps (avec le CAC) 29/09/17
Cette femme pourrait dormir dans l'eau - Valentine Schlegel par Hélène Bertin
CAC Brétigny Espace Jules Verne - rue Henri Douard 91220 Brétigny s/Orge
Vernissage Samedi 30 septembre à 17:00
Le jour de l’ouverture sera célébré avec des tielles, un plat traditionnel sétois. Cette tourte de céphalopodes était emportée par les pêcheurs avant de prendre la mer. Les plats seront réalisés par Nina Bernagozzi, Géraldine Longueville (sous réserve) et Hélène Bertin, et la playlist de musique traditionnelle d’Occitanie pensée par César Chevalier.
Navette gratuite Paris-Brétigny sur réservation à reservation@cacbretigny.com.
Conférence-châtaignes — Lecture-chestnuts Evénement Samedi 28 octobre à 14:30
Après avoir visité une cheminée de Valentine Schlegel dans une maison de particuliers, nous ramasserons des châtaignes à Gif-sur-Yvette. Nous reviendrons ensuite cuire les châtaignes dans la cheminée de Valentine Schlegel au CAC Brétigny tout en écoutant la conférence L’art vivant au musée, Francois Mathey (conservateur) invente le musée d’art contemporain par Marie-Laure Lapeyrère.
François Mathey (1917-1993), conservateur en chef du Musée des Arts Décoratifs, engage Valentine Schlegel comme professeure de modelage aux « Ateliers des moins de 15 ans » et l’invite à participer à quatre exposition (« Antagonismes 2: L’Objet », 1962; « Ils collectionnent », 1974; « Artiste, Artisan », 1977; « Les métiers d’art », 1980) et lui permet d’avoir des commandes de mobilier liturgique par des lieux de culte.
Navette gratuite sur réservation à reservation@cacbretigny.com.
La navette partira de Paris puis de Brétigny pour emmener les participants à Gif-sur-Yvette. Départs: Paris (14h30), Brétigny (15h15). Retour sur Paris prévu pour 19h.
Conférence & dîner römertopf Conférence Samedi 2 décembre à 19:00
La conférence de Pierre Doze, spécialiste du design, intitulée L’errata ajouté à l’histoire des arts par Pierre Staudenmeyer (galeriste) sera suivie d’un dîner römertopf, selon une cuisson à l’étoufée dans des plats en argile. Au menu: chou rouge, goulash, pommes et poires confites.
Pierre Staudenmeyer (1953-2007), galeriste, co-fondateur de la galerie Néotù et de la galerie mouvements modernes, est auteur de La céramique française des années 50 (2004), ouvrage dans lequel on peut découvrir les vases montés au colombin de Valentine Schlegel. Il expose ces sculptures bulbeuses dans sa galerie en 2005, avant de disperser toutes les grandes céramiques de Valentine Schlegel réalisées entre 1954 et 1959.
Réservation indispensable pour le dîner, dans la limite des places disponibles: reservation@cacbretigny.com.
Conférence-tisanes — Dernier jour de l’exposition Rencontre Samedi 9 décembre à 18:00
Pour le dernier jour de l’exposition, nous écouterons Pascal Marziano, collectionneur, raconter l’histoire de sa collection de céramiques, en buvant des infusions de plantes provençales.
Pascal Marziano commence sa collection de céramiques des Trente Glorieuses en 2005. Il commence par vendre sa collection de timbres et change d’objet fétiche. Il possède aujourd’hui un grand ensemble de céramiques dont chaque achat a une histoire, tel que celui d’un saladier de Valentine Schlegel ou des pièces d’Elisabeth Joulia. Toutes deux amies, elles exposent en 1955 à la galerie La Roue dans le cadre de l’exposition « Abstraction et Poteries usuelles » où Valentine Schlegel montre pour la première fois ses grands vases.
Parcours « Taxitram » en navette: Monnaie de Paris—CAC Brétigny—Immanence.
Renseignements et inscription: 01 53 34 64 43 / taxitram@tram-idf.fr.