Post-Sonic Youth, le rêve marocain de Lee Ranaldo (est assez soyeux)

Sonic Youth disparu corps et biens, depuis les sommets de Rather Ripped et The Eternal, chacun taille sa route avec des projets alternatifs : impro pour Moore, noise pour Gordon, suite de la veine exploratrice pour Ranaldo qui partage Shelley avec Moore. Veine plutôt bucolique sur Electric Trim et exploration d'accordages différents. Chiant vous trouvez ? Que nenni, c'est même surprenant dans le bon sens du poil. On gratte un peu pour voir… 

Toujours entouré des Dust, Ranaldo élargit à 61 balais la palette des ses compositions avec ce nouvel Electric Trim, en s'éloignant peu à peu du bruitisme de son passé, il divague ainsi du folk-rock au jazz en passant la pop super bien composée. Il est entouré pour cela de Steve Shelley (batterie), Alan Licht (guitare) et Tim Luntzel (basse).  Enregistré à New York et Barcelone sous la férule d’un collaborateur de longue date, Raül « Refree » Fernandez, ce nouvel album salue l’arrivée de rythmes électroniques et d’échantillonnages subtils.

Des invités de marque ont été conviés, comme :  Sharon Van Etten (voix principale dans Last Looks), le génial guitariste Nels Cline (Wilco) ainsi que l’auteur Jonathan Lethemn qui a participé à l’écriture de six titres. Electric Trim se hisse tranquile parmi les meilleures parutions de sa carrière solo. D’une originalité sans faille, cette production joue le parfait équilibre entre une certaine insouciance rock et la minutie du pop-rock classique.

Montez le volume et laisse-vous immerger dans le folk arabisant de Morrican Mountains, ou le côté Beatles de Circular Right as Rain ou l’indécrottable influence de Sonic Youth, en mode folk, dans Thrown Over The Wall  - un réel bonheur.

Ranaldo s'amuse ici à varier les accordages pour sonner différemment, aussi bien acoustique qu'électrique, afin d'y trouver un son aussi bucolique que lysergique. Et les invités nommés plus haut y sont pour beaucoup : des cordes harmonisées et des accords ouverts de l'ouverture de  ‘Moroccan Mountains’ qui évoquent des horizons brillants au kaléidoscopique ‘Circular (Right As Rain)’.

On notera pour finir que sa voix a enfin pris de l'assurance et que cela permet des ouvertures mélodiques aussi étonnantes que bienvenues. Particulièrement sur‘Last Looks’, son duo avec Sharon Van Etten qui glisse du folk-rock campagnard au psychédélisme stricto sensu. 

Au finish, cet album se découvre petit à petit, avouant peu à peu ses circonvolutions byzantines et sa majesté classique. Rien que de très normal pour Ranaldo qui avouait à Rolling Stone au début du mois de septembre que parmiles album qui l'avaient le plus marqués, on trouvait pêle-mêle : Le premier album des Beatles distribué aux USA, le Amercan Beauty du Grateful Dead pour les expérimentations en studio et la claque du 77 des Talking Heads qui l'a définitivement convaincu de devenir musicien professionnel. Il y a pire … 

Jean-Pierre Simard le 28/09/17

Lee Ranaldo Electric Trim Mute