Le paysage transformiste de Mathieu Bernard-Reymond
Avec ses images qui manipulent le paysage, l’architecture et l’information Mathieu Bernard-Reymond traque l'étrange dans la photographie pour mettre en scène aussi bien les données que le monde tangible. Son but, renouveler l'approche de la photo. Transform est sa dernière série exposée chez Baudoin Lebon.
En s’intéressant aux notions de production et de transformation, Mathieu Bernard-Reymond renouvelle les codes visuels de la photographie. Transform est un ensemble de travaux photographiques autour du geste humain de transformation. Mathieu Bernard-Reymond travaille sur les lieux où l’on extrait, exploite, combine ou distribue des matières premières à des fins de production, de commercialisation, ou de consommation.
Ses images manipulent le paysage, l’architecture et l’information comme les composantes d’un langage poétique qui aspire à se renouveler en permanence. Il conçoit la photographie comme un moyen de créer des réalités étranges, de faire naître des mondes possibles. L’aspect numérique de son approche lui permet de mettre en scène les données aussi bien que le monde tangible.
Transform : Power
Le premier volet de Transform à été créé à partir d’images réalisées dans les centrales hydrauliques et nucléaires réparties le long du Rhin. Les notions de production et de transformation dictent à la fois le fonctionnement des lieux photographiés et le processus de création des images. Les prises de vue effectuées sur place ont fait l’objet de plusieurs mutations, passant de vues architecturales documentaires à des clichés restructurés en postproduction, pour enfin se muer en images abstraites. À cet ultime stade de leur évolution, l’origine photographique des images ne fait pas de doute, mais leur nature exacte est aussi à rapprocher d’un mélange des domaines pictural et informatique. Ces espaces industriels toujours mystérieux pour le public quittent les mains de l’auteur sous la forme d’œuvres à la poétique troublante, où apparaissent ponctuellement des éléments figuratifs identifiables. L’exposition a ceci d’original qu’elle donne à voir ces différents stades de création dans un accrochage où ils se superposent.
Transform : Hyper
Ce volet émerge d’allées de supermarchés méticuleusement photographiées et patiemment remixées en vues abstraites. J’explore ici la manière dont les éléments typographiques et les codes couleur des emballages et des annonces publicitaires peuvent survivre a u processus destructif que j’utilise. De nouveaux signes et de nouveaux messages émergent de ce procédé. Dans ces deux étapes, l’image originale subit une mise en abyme du processus de production puisque le « matériau » photographique initial est transformé en une abstraction visuelle au travers d’une mécanique digitale précise. Le produit fini perd la grande majorité des propriétés figuratives que l’on s’attend habituellement a trouver dans la photographie, mais il reste cependant lié d’une manière reconnaissable à ce que produit la caméra.
Jean-Pierre Simard le 7/06/17
Transform de Mathieu Bernard-Reymond -> 29/07/17
Galerie Baudoin Lebon 8, rue Charles-François Dupuis75003 Paris