Willy Ronis s'expose sans détour à Tours

Le Jeu de Paume présente au Château de Tours une exposition consacrée à Willy Ronis (1910-2009), réalisée à partir du fonds de la donation faite à l’État en 1983. Organisée conjointement avec la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, cette exposition lui rend hommage, en dévoilant des photographies restées encore méconnues.

Dans le parc d'un château de Touraine pendant le repos du cirque Pinder 1954 Willy Ronis Ministère de la Culture et de la Communication / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / Dist RMN-GP © Donation Willy Ronis

« La photographie c’est l’émotion » : disait-il, lui qui, avec Robert Doisneau, Izis, Sabine Weiss…, fut l’un des représentants du courant photographique humaniste français.

Parmi ses images les plus connues, beaucoup relèvent de ce regard porté sur le quotidien pour élaborer des micro-récits à partir de personnages et de situations ayant pour cadre la rue. Aujourd’hui, ces images – désormais érigées en « monuments » de l’histoire de la photographie – trahissent moins l’existence d’un instant donné qu’une façon particulière de représenter l’utopie de l’unanimité humaniste : s’extasier devant la réalité et observer la fraternité des peuples.

Usine Lorraine-Escaut  Sedan, 1959 Willy Ronis
Ministère de la Culture et de la Communication / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / Dist RMN-GP © Donation Willy Ronis

S’il est vrai que ses images souscrivent, à une certaine vision optimiste de la condition humaine, Ronis n’édulcore en rien l’injustice sociale et s’intéresse aux classes les plus démunies. Sa sensibilité aux luttes quotidiennes pour survivre dans un contexte professionnel, familial et social précaire montre que les convictions politiques du militant communiste Ronis, l’incitaient à l'engagement actif, autant par la production que la circulation d’images de la condition et de la lutte ouvrières.

Place Vendôme Paris, 1947   Willy Ronis
Ministère de la Culture et de la Communication / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / Dist RMN-GP © Donation Willy Ronis

On a généralement tendance à circonscrire la production de Willy Ronis au territoire français. Pourtant, même si la plupart de ses images les plus reproduites ont été prises en France, depuis sa jeunesse, Ronis n’a eu de cesse de voyager et de photographier d’autres lieux.

Fondamente Nuove, Venise 1959 Willy Ronis
Ministère de la Culture et de la Communication / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / Dist RMN-GP © Donation Willy Ronis

Le style de Ronis demeure intimement lié à son vécu et à son propre discours sur la photographie. A ne jamais hésiter à évoquer sa propre vie et son contexte politique et idéologique; au fil de ses images et de ses textes, on découvre ainsi un photographe désireux d’explorer le monde, avant tout, épiant en secret, des moments où celui-ci lui dévoilait ses mystères. À ses yeux, l’important était plus de recevoir ces images que d’aller à leur recherche, d’absorber le monde extérieur plutôt que le saisir et, de là, bâtir son propre récit. Le zen, avant même qu'on emploie le mot par ici. Mais un zen avec un corps… sûrement classique dans le propos, mais totalement classe en même temps.

Jean-Pierre Simard le 27/06/17

La Sieste Gordes, 1969 Willy Ronis
Ministère de la Culture et de la Communication / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / Dist RMN-GP © Donation Willy Ronis

Willy Ronis du 28/06 -> 29/10/2017
Château de Tours - 25, avenue André Malraux – 37000 Tours
Du mardi au dimanche de 14 H à 18 H. Fermé le lundi.

Nu au tricot rayé Paris, 1970 Willy Ronis
Ministère de la Culture et de la Communication / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / Dist RMN-GP © Donation Willy Ronis

Station Châtelet-Les-Halles Paris, 1979 Willy Ronis
Ministère de la Culture et de la Communication / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / Dist RMN-GP © Donation Willy Ronis