Portrait de traducteur : Salah Niazi et l'Ulysse de Joyce

Salah Niazi est né en 1935 à Nasiriyah, en Irak et vit en Angleterre depuis 1963. Poète et critique renommé, fondateur de la revue littéraire Al Ightirab al Adabi, il a publié de nombreux recueils de poèmes et traduit en arabe deux pièces de Shakespeare, Hamlet et Macbeth. En 1984, alors que la guerre Iran-Irak en était à sa quatrième année, il a décidé de s’attaquer à la traduction de l’Ulysse de Joyce en arabe. Pour penser à autre chose. Pour se distraire.

“Les infos sur la guerre en Irak menaçaient ma santé. Je ne supportais plus de regarder la télévision jour et nuit. De nombreux amis, des amis irakiens vivant en Europe, avaient des crises cardiaques. Donc, pour protéger ma santé, je me suis dit, et si je me lançais dans quelque chose de très difficile, histoire d’oublier cette guerre et ces tueries. Je décidai alors de m’attaquer à Ulysse. »

Sa traduction touche désormais à sa fin. Le premier volume est paru à Damas en 2001 et a été déjà réimprimé deux fois. Le deuxième volume est paru en 2010 et a été réimprimé en 2013. Le troisième et avant-dernier volume est sorti en mai 2014, mais la guerre civile en Syrie a fait qu’il a dû paraître à Beyrouth. Le dernier volume, qui comporte le monologue de Molly Bloom, ne devrait plus tarder.

Pour Salah Niazi, qui a passé trente ans sur cette traduction afin d’oublier les horreurs de la guerre, lire Ulysse c’est se livrer à une expérience susceptible de vous changer radicalement.

« Vous devenez une personne différente. Vous avez le droit de changer de nom, de pays, de statut – tout ce que vous voulez. Tel est l’impact de ce livre sur le lecteur. »

[Note : ce post est le compte rendu d’un article paru sur le site Channel 4. Pour écouter Salah Niazi lire sa version d’Ulysse, c’est également sur le site de Channel 4, ici.]

Claro