Le spiritual funk de Bob Shad travaille sur la paix intérieure

Enregistrés entre 1971 et 1973, les titres de Inner Peace, gorgés de piano électrique Fender Rhodes, témoignent du son deep jazz unique du label Mainstream, with a little help from Harold Land, Roy Haynes et Frank Foster, ainsi que la jeune génération avec Buddy Terry, Dave Hubbard et LaMont Johnson; accompagnés de la crème des musiciens de l’époque: Bernard Purdie, Buster Williams, Eddie Henderson, Mtume, Stanley Clarke et Cecil Bridgewater. Un second volume sous les manettes de Bob Shad, c’est le nirvana ! Revue de détail.

Bob Shad (chemise à fleurs) avec Reggie Moore (chemise rayée)

Après un premier volume à l’automne 2016, le jeune label français WeWantSounds continue son exploration des archives du label Mainstream, fondé et dirigé par le mythique Bob Shad. Ce second volume, Inner Peace, dévoile une autre excellente sélection deep jazz aux accents funky, pour la plupart jamais réédités et enregistrés par Mainstream entre 1971 et 1973 ; prélude à deux belles rééditions d’albums d'Harold Land et Buddy Terry dans le courant de l’année.

Si vous pensez à un grand artiste de jazz ou de blues du siècle passé, il y a de fortes chances que Bob Shad l’ait produit, de Charlie Parker à  Dizzy Gillespie, en passant par Cannonball Adderley ou Sarah Vaughan… "Bobby Shad était une légende dans notre famille", dit de lui son petit-fils, le réalisateur et producteur Judd Apatow, qui veille avec sa sœur sur Mainstream Records, le précieux héritage familial légué par leur grand-père.

Bob Shad avec Buster Williams en 1972

Après une digression au sein du rock psyché des années 60, en 1971, Bob Shad décide de revenir à ses premières amours. De retour au plus près de ses racines jazz, il lance la série MRL 300 au sein du catalogue de Mainstream Records et, en compagnie de ses pairs producteurs Creed Taylor (CTI) et Bob Thiele (Flying Dutchman), il décide de mettre au point ce qui deviendra le son avant-gardiste et spiritual jazz du début des années 70, mêlant rythmiques funky, jazz modal et influences orientales.

Affinant cette nouvelle mixture magique de disque en disque, Bob Shad produit près d’une centaine d’albums pour MRL 300, grâce à ce qui deviendra, rétrospectivement, un son unique, proche de la terre et du blues, sans arrangements inutiles, inspiré des big bands des décennies passées. Un état d’esprit porté aujourd’hui par la musique de Kamasi Washington ou de Shabaka Hutchings, entre autres, qui s’en inspirent toujours. So, let's get spiritual !

Friedrich Angel