Arto Lindsay brouille les fréquences avec Cuidado Madame ce dimanche à la Bellevilloise
Pour qui est peu versé en bruit, Arto Lindsay n'est qu'un nom d'illustre guitariste, souvent bruyant, qui joue depuis la fin des 70's, une musique inclassable entre jazz, avant-garde, bruit et … musique brésilienne. Son dernier album en date, Cuidado Madame, le premier depuis 13 ans, refait le parcours. On adore !
Avec son nouveau Cuidado Madame, premier album-studio depuis Salt paru en 2004, Arto nous plonge à nouveau dans son univers bipolaire, ponctué d'un côté d'élans avant-gardistes dévergondés et décadents, habité de l'autre des rythmes afro-brésiliens de Bahia et des mélodies accrocheuses de la pop. Les percussions traditionnelles des cérémonies religieuses du Condomblé (jouées aux atabaques par Gabi Guedes, Jaime Nascimento, Ricardo Braga, Gabi Guedes, Iuri Passos et Icaro Sa) se confrontent ainsi aux bidouillages bruitistes de sa guitare et aux sonorités étincelantes de celles de Patrick Higgins, aux grooves hypnotiques du bassiste Melvin Gibbs, à la versatilité du batteur/beatmaker Kassa Overall et aux ambiances tantôt sombres tantôt radieuses du claviériste Paul Wilson.
Lindsay juxtapose avec une élégance toute personnelle, les textures acoustiques et l'électronique, le rock de Brian Eno, le punk hardcore de John Zorn et le trip-hop de Portishead au tropicalisme de Caetano Veloso et aux ballades sophistiquées d'Antonio Carlos Jobim. Il est capable, dans le même disque, de nous offrir des compositions barrées, informes, rageuses et amélodiques, à l'instar d'"Arto Vs. Arto" (où il extirpe des sons torturés des entrailles de sa guitare électrique), des chansons touchantes et envoutantes comme "Pele de Perto", "Each to Each" ou 'Seu Pai", voire délicieusement funky, comme "Tangles".
Cuidado Madame est à l'image de son auteur: "la juste synthèse entre musique expérimentale et populaire". Et, à l'inverse de Sonic Youth ou de Nirvana, il me mets pas la mélodie dans le bruit, il impose le bruit à l'intérieur de la mélodie. Là est son charme premier.
Et comme un concert de Lindsay balance des extraits de tout son parcours musical, entre découverte pour les nouveaux venus et retrouvailles pour les autres, c'est ce dimanche d'après la Nuit Blanche qu'on ira l'écouter à la Bellevilloise ; dérouter les uns et réenchanter les autres…
Jean-Pierre Simard le 6/10/17
Arto Lindsay - Cuidado Madame (Ponderosa/Pias)
Concert à la Bellevilloise, le 8/10/17 à 20h
19-21 rue Boyer Paris 75020