Rosecrans, le gangsta hop de Quick et Problem à Compton
DJ Quik et Problem ont sorti Rosecrans, le EP éponyme l'an passé qui témoignait du passage de témoin d'un G-Funk gangsta à une prod plus moderne. Et l'essai était tellement bienvenu qu'ils l'ont transformé en un album qui fait office de renouveau du son gangsta. Et ça cogne aussi fort que les premiers Snoop actualisés 2017. On commente.
L'album fait montre d'une belle dualité, avec d'un côté un truc assez sirupeux et cool et de l'autre un vrai cadeau pour les fêtes. Le domaine d'expression et de démonstration étant bien sûr Compton, dont Rosecrans Avenue est un des axes. A partir de là, le ton est donné qui montre la vie du lieu, comme chez Kendrick Lamar ou Game ( présent sur l'album). Ca s'ouvre plutôt bien avec “European Vacation,” qui joue de rythmiques fouettées et d'une prod futuriste pour s'ancrer dans le lieu décrit qu'on ne quittera plus, à le décliner sur tous les modes urbains possibles, en voiture avec pétard, en bus concerné par l'ambiance, pour mieux dire le dégoût d'une Amérique qui vit sous Trump, comme sous le joug, encore plus tendu qu'avant.
On enchaîne avec “A New Nite/Rosecrans Groove” , un groove tenu sur dix minutes pour se balader au soleil. Et Problem de balancer ses punchlines comme à la fête. “I’m just tryna spread love through these Compton streets/Hit DJ Quik need a Compton beat,” Problem raps on “A New Nite/Rosecrans Groove” ou encore :“Now a nigga think he gotta be mad at me/Keep it cool though you know my niggas blast happy." Avec des titres allant de 3 à 11 minutes, la prod s'en donne à cœur joie pour faire passer un maximum de climats, passant sans encombre de guitare soft sur beat cool à lyrics énervés sur fonds de synthés tournants et acides dans un espace sonore large où les instruments sont tous détachés.
Le très fort“You Are Everything” montre les deux compères assez occupés à trouver une renommée durable dans un environnement qui est tout sauf positif - par la simple description du bloc autour de Rosecrans avenue. Mais c'est MC Eiht sur “Central Ave” qui envoie la plus belle image du lieu avec : “Used to ride the back of the bus like Rosa Parks/Down the mainline shouting hood remarks/’Where you from, homeboy, Compton on mine’/Get ‘em up one time, gafflin’ fine.”
Les seuls ratés sont les emprunts au trap que sont“Move Something” et “Take It Off One Time” pas trop dans l'esprit du reste de Rosecrans. Bon ok, “Straight to the City” était déjà sur l'EP, mais là, on va pas faire les grincheux… ça reste du grand art.
Au finish, DJ Quick et Problem ont réussi leur coup avec leurs invités qui sonnent juste et en faisant les bons emprunts au passé de la soul, du rap et de la disco pour arriver à un son 2017 qui claque. Le L.A. panoramique est à quai. A vous de vous y glisser si l'envie vous prend…
Jean-Pierre Simard le 16/05/17
Dj Quick & Problem - Rosecrans - Diamond Lane Music Group, Inc. / Blake Enterprises