Des vies dans l'ombre avec Tania Franco Klein
Vous, qui entrez dans cet univers, allez y retrouver quelques figures connues, comme David Lynch, Nan Goldin ou Cindy Sherman pour l'approche du quotidien d'un rêve déchu. Mais une fois passé outre, c'est l'univers de Tania Franco Klein qui va vous piquer au vif… C'est par ici.
A se balancer à la frontière du monde entre réel et imagination, ces clichés capturent des réponses psychologiques appropriées au monde hyperactif dans lequel nous vivons sous forme de dépression et d'abrutissement. Joie dans nos cœurs ? Non, bilan coloré de fantasmes assez usuels - mais magnifiés dans l'œil de Tania Franco Klein, donc le notre en retour.
La série “Our Life in the Shadows” (Notre vie au sein des mirages) est influencée par le Rêve Américain et ce qu'il impose de pratiques contemporaines autour du repos, de la consommation, des sur stimulations et du désir de jeunesse éternelle. Elle s'intéresse tout particulièrement aux réponses générées dans nos vies quotidiennes.
Le projet évoque un sentiment de désespoir, de séparation et d'anxiété qui survient à la vue des ces images fragmentées évoquant un no man's land faisant coexister réel et fiction.
Le philosophe Byung-Chul Han affirme que nous vivons dans une ère d'épuisement causé par la nécessité de se surpasser. Nous avons laissé derrière nous l'ère de l'immunologie et entrons dans celle du neurone, un âge caractérisé par des maladies neuropsychologiques comme la dépression, le déficit d'attention soutenue, l'hyperactivité, le syndrome du burnout et des désordres bipolaires.
Mes personnages sont anonymes, presque fondus dans le décor, au bord de disparaitre, et toujours ne quête de moyens de fuir. Ils se sentent abandonnés, désespérés et épuisés. Constamment sur la brèche, à hésiter entre l'envie de fuir et le sentiment de défaite complète.
Tania Franco Klein (photographies et texte)
Née en 1990 à Mexico, Tania Franco Klein est une photographe qui y a obtenu un diplôme d'architecture qu'elle a fait suivre d'un Masters en photographie à l'University of the Arts à Londres. Son travail s'intéresse tout particulièrement aux méfait de la vie moderne envisagée sous l'angle du Rêve Américain vécu partout à l'Ouest et qui génère des comportements sociaux délirants dans la vie quotidienne. Remarquée par la fondation Aperture, elle a déjà exposé à Londres, Budapest, New York et dernièrement à Los Angeles, où elle participait au mois de la photo 2017.
Si la fin du Rêve américain vous tracasse encore, c'est que vous êtes tombés dedans via tous les média qui vous l'ont infusé dans le bulbe. Comment réagir à cet insidieux enfermement? En en regardant d'abord les manifestations. Puis, en tentant de vous en éloigner au plus loin… Et ces clichés ne racontent pas autre chose. Maintenant, c'est vous qui voyez.
Jean-Pierre Simard (avec LensCulture) le 10/04/17
Plus sur son travail, ici