David Ledoux met le feu au réel
Les images de David Ledoux sont aussi trompeuses que l'étrange calme auquel elles voudraient faire croire. Avant de s'approcher, notez bien qu'elles demandent un exercice mental particulier : là où vous voyez peinture, il s'agira peut-être de photographie et quand vous penserez ensuite photo, il s'agira de sculpture que vous percevrez … Et là, où vous croirez lire le résultat d'un procédé de sculpture, ce seront des gestes et l'écoulement du temps, une performance de l'écoulement du temps. Là où vous chercherez la lumière, ce sera à un feu que vous vous brûlerez…
Originaire des bords du lac Léman, David Ledoux s'est initialement intéressé à la peinture aux beaux-artsau Sydney College Of The Arts en Australie. Il va pourtant se diriger vers la photographie en adoptant d’abord un style très graphique. Parallèlement, il développe un travail personnel basé sur l’expérimentation technique. Il voyage ensuite en Australie, Afrique, Amérique du Sud et en Europe comme photojournaliste, avec une approche humaniste de son travail. Il développe aussi un œil pour la photographie de mode qui lui vaut des publications internationales. Mais déjà, Ledoux travaille en argentique et cultive un vrai attrait pour le mouvement, les phénomènes de lumière et l’étrange.
En 2014, sa série Vision abstract prolongeait ce travail intuitif en travaillant le négatif artisanalement. Ledoux y concevait, dirigeait et réalisait la composition d’œuvres oniriques. Entre songe et volonté de décomposer une image pour mieux la recomposer, la vision de ses tableaux démontre que l’artiste ne s’impose aucune règle hormis celle de travailler sans Photoshop : il y va des divers processus (mécanique, chambre noire, temps de pause) à déjouer la logique photographique. Le laboratoire et le travail dans la chambre noire permettent de travailler avec la lumière comme la peinture. Astuces, torches, pochoirs, intuitions donnent alors naissance à des compositions poétiques et méticuleuses, à des petits tableaux chimériques.
Aujourd'hui, Tales of Light radicalise le propos et s'attache au quasi seul travail de la lumière dans ses compositions pour offrir un autre effet. Artificier, il joue ici de la lumière et du mouvement pour composer chaque image comme un tableau ou une scène.
L'effet n'est pas perturbant, il est vraiment flashy. A regarder de près, l'hésitation même de la nature de la chose présentée en devient alors une composante de plus. C'est non seulement son principal attrait, mais aussi la nouveauté du propos. CQFD !
Jean-Pierre Simard le 05/04/17
David Ledoux - Tales of Light ->13/05/17
Mannerheim Gallery 6, rue Notre-Dame-de-Nazareth 75003 Paris