Les installations mécaniques et sonores de Zimoun au 104
Au 104, les constructions mécaniques et sonores de Zimoun bousculent les perceptions. Ici, des boîtes en carton se meuvent à lenteur d’escargot. Là, des sacs en papier bruissent doucement, animés par un souffle invisible. Plus loin, des bâtons frappent le sol avec fracas, formant une forêt furieuse où s'ébattent d'inestimables songes. Comme de bien entendu…
Qu'il s'agisse de pluie, grêle ou même de tonnerre, ces ballets de matériaux évoquent toute une batterie de sons de la nature par leur sobriété minimaliste.
L’artiste suisse Zimoun, sculpteur acoustique de 40 ans signe sa nouvelle et plus grande exposition. « Chaque installation est fondée sur la répétition d’un objet et d’un dispositif simple », explique-t-il. Nostalgique des technologies « primitives », cet autodidacte n’utilise que des matériaux « pauvres » et de petits moteurs low-tech à courant continu branchés à une même source d’électricité. « Jamais d’ordinateurs ni de bruits préenregistrés ! Tous les sons que vous entendez sont émis en direct par les matériaux eux-mêmes ». A l’image des créations du mouvement Arte Povera né dans les années soixante, ses installations se composent uniquement de matériaux bruts issus du quotidien ou de l’industrie : bois, métal, papier ou carton couleur kraft.
En démultipliant un seul élément, Zimoun occupe des salles entières, avec des œuvres immersives dans lesquelles on se promène à l’oreille, enveloppé par les sons et les odeurs des matériaux. « Je pars de quelque chose de simple pour créer de la complexité. On obtient comme une musique minimaliste: une accumulation de sons qui se superposent et se chevauchent » décrit-il, inspiré par les expériences avant-gardistes du compositeur John Cage (1912-1992).
« Mon idée, c’est de créer une architecture sonore. Selon notre position dans la pièce, si on est au centre ou près des murs, ou si on s’approche d’un élément en particulier, on entend des choses différentes », précise Zimoun. “Les matériaux et les objets ont leur propre comportement, une vie propre.” Une fois le mécanisme enclenché, chaque ensemble devient un organisme vivant, bruissant et grouillant de vie. « Les matériaux et les objets se mettent à avoir leur propre comportement, une vie propre. Je recherche cette ligne à partir de laquelle les choses commencent à échapper à mon contrôle. J’aime qu’il y ait un espace de possibilités restées ouvertes, et ne pas savoir exactement ce qui adviendra ». Le résultat est là : une expérience sensorielle aléatoire. Et au 104 …
Maxime Duchamps ( sur dossier) le 13/04/17
Mécaniques remontées de Zimoun -> 06.08.2017
Le CENTQUATRE-PARIS 5, rue Curial 75019 Paris