Enfin les teufeurs arrivèrent dans le dessin contemporain
Selon l'adage de FB, une danseuse ça va, deux danseuses ça va aussi - mais trois danseuses : bonjour les Degas ! Alors, après avoir grignoté trop de petits fours à mater des adolescentes pré-pubères qui (ne) font (que) saliver les Sénateurs, on trouve enfin des gens qui parlent, dessinent, flashent sur d'autres qui jouent dans la même cour de l'absolu futile parisien et du monde de la fête. Thomas Lévy-Lasne les dessine et les peint, quand Hannibal Volkof les shoote au bout de son objectif. Et rassurez-vous, la galeriste de Backlash, protectrice du premier, affirme tout ignorer du second. Les gens du Marais racontent vraiment n'importe quoi !
« Essayer encore, rater encore, rater mieux. » le peintre a fait de cette injonction, tirée d'un roman de Samuel Beckett, son mantra.
« La peinture a une capacité hallucinante d'incarnation : contrairement à l'image, elle joue de présence », dit-il. La peinture est physique et pour le démontrer, peut-être, il peint des banalités, des scènes réalistes « où il ne se passe rien ». Comme ces aquarelles de « fêtes » zoomant sur des fragments de corps et d'étoffes, d'une vibrante actualité. Diplômé de l'Ecole des beaux-arts de Paris, Thomas Lévy-Lasne peint jusqu'à seize heures par jour.
Quelle que soit la technique utilisée, Thomas Lévy-Lasne exalte le geste de la peinture des Beaux-Arts, séculaire. Le plasticien y ajoute une iconographie si particulière qui ne laisse pas de place au doute de sa contemporanéité. C'est un paysage ultra-classique au sein duquel apparaît subrepticement un homme en maillot de bain pianotant sur son téléphone portable. Des portraits de couples réalisés dans l'esprit de la grande commande picturale, mais dans des intérieurs résolument modernes. Ce sont des saynètes de soirées du XXIe siècle, mais peintes à l'aquarelle, technique à la connotation parfois désuète ; des dessins au crayon, développés au delà de l'esquisse, mais à l'imagerie issue des sites Internet pornographiques.
Nourri des grands maîtres de l'histoire de l'art, Thomas Lévy-Lasne apprend au contact des œuvres majeures des siècles passés. Son art est instruit sans être prétentieux. Il peint et dessine avec humilité le monde actuel, avec un regard neuf et amusé - mais non ingénu.
C'est tout le malheur qu'on lui souhaite.
Maxime Duchamps
Thomas Lévy-Lasne - La Fête - éditions de la Ménagerie
L'artiste est représenté par la galerie Backlash