Joann Le Guillerm, l’attraction secrète en Pays de Loire

Dans le creux d’une oreille attentive. Dans les plis d’un avion en papier. Dans le souffle animal d’un homme. Dans le regard bleu qui converge sur un point invisible. Sous le claquement de botte. Dans les frottements de semelle. Dans les étirements du corps. Dans les interstices, les espaces entres les choses. Au cœur des ombres. Dans l’instabilité. Dans l’écriture blanche d’un bâton…

Dans les chiffres révélés. Dans cette infinie seconde.
Dans la perte d’équilibre…
Dans cet instant suspendu.
Dans cet écroulement.
Dans le chaos.
Dans le (dés)ordre des constructions… s’élève : Le Secret de Johann Le Guillerm.

A mille lieux de la performance. Distant tout autant du spectacle, c’est dans le « pas grand chose » que Johann Le Guillerm, apparait comme le grand alchimiste du secret de l’existence. En dompteur, il dialogue avec ses « machinanimales » qu’il fait naître et vivre devant nous. Elles ne sont pas ses « choses », mais les choses, elle prennent la vie qu’il leur prête, fugace et éphémère, puis elles meurent. Elles ne sont que de passage, elles s’élèvent dans un fatras fragile. Bastins ou bâtons, de bois ou de métal, chaque matière se meut, révèle au grand jour ce qui les animent. Un mystère, sa révélation ?

Dans un bruit, un geste, un silence, le Secret vous traverse, vous transperce et à votre tour,
vous basculez. Ce point, frêle,  merveilleux et instable instant, c’est celui-ci, ou celui-là que précisément Johann Le Guillerm construit patiemment sur « la piste » sous son chapiteau. Seul, mais en très bonne compagnie, c’est ensemble qu’il construit et « écrit » le Secret, temps 2. En mouvement perpétuel, rien n’est figé et Secret, temps 2, n’est pas la suite de Secret, temps 1… C’est sa continuité. C’est bien les espaces et les interstices qui se réduisent entre les choses qui permet de s’élever, de construire, de (re)commencer… Puis quand les choses s’éloignent des unes des autres, alors tout s’écroule. Pas de peine, pas le temps pour cette tristesse. Il faut avancer, respectueux des hasards, des fragilités. Tout est mouvement, et rien ne reste en l’état. Alors le chaos, la chute, les (d)é(sé)quilibres, l’instant où l’on est à l’abri, ou bien suspendu, ou bien encore tout en haut, ne dure jamais. Il faut l’accepter, tomber puis se relever et (re)commencer ; peut-être est-ce le secret, celui de Johann Le Guillerm, le nôtre, le vôtre, celui de l’humanité tout entière, qui se (re)trouve sous le chapiteau au bord de la piste.

Richard Maniere le 14/12/17

Johann Le Guillerm, Le Secret-Temps 2 -> 19/121/17
Île de Nantes, sous chapiteau, Nantes