Shapeshifter de Marco Pietracupa, le fondeur de forme

Quelquefois le monde de la mode me semblait totalement exagéré et absurde, alors j'ai commencé à prendre d'autres clichés décalés pour prendre mes distances et me retrouver. J'avais la sensation, en les faisant, d'offrir un autre point de vue et que j'y trouvais ma patte en totale liberté. Ce qui n'est généralement pas le cas dans le cadre d'une commande de mode où il y a toujours un brief à respecter. Les images de Shapeshifter me représentent complètement. Je les ai toutes prises pour mon  plaisir personnel et ensuite, choisi de les partager.  Marco Pietracupa

L'Italien Marco Pietracupa est un photographe de mode reconnu qui cherche une autre approche des choses depuis une bonne dizaine d'années. Né en 1967 dans le sud Tyrol italien, il s'est installé à Milan pour y suivre les cours de photographie de l'Institut italien du lieu, avant de faire sa place dans la mode et l'art. Il a ainsi collaboré à L’Officiel, l’Uomo Vogue, Harper’s Bazaar, Wallpaper, Rolling Stone, comme à Vice Milan, la Fondation Brownstone à Paris, ou même la galerie Asni à Addis Ababa. Sa première monographie publiée chez Yard Press s'intitule Shapeshifter. Et, comme souvent, d'autres tirages donnent la matière d'une expo éponyme qui circule depuis des mois en Europe. 

Marco Pietracupa a construit un corpus d’images croisant aux rives d’univers étranges: entre caché-montré, jeux gentiment pervers et paysages archaïques...

On y croise aussi bien fragments de corps en torsions, animaux inquiétants, bribes de paysages sylvestres, d’où l’urbain n'est jamais loin, objets insignifiants requalifiés en natures mortes délicates et un brin trash... Des saynètes qui, chacune, renferment un récit, entre fantasme, affliction, résurrection. Servies par un généreux usage du flash et de la surexposition.

A vouloir me créer un espace personnel depuis des lustres, j'ai shooté en fonction de ce je cherchais à exprimer. Comme mon travail est tout sauf traditionnel, avec mes flashes et mes surexpositions, je travaille souvent à la limite de ce que les autres considèrent comme des clichés manqués.  

Les clichés du livre ont entre dix ans et quelques mois et ont été réalisés aussi bien avec des ami(e)s, des proches que des assistants et des artistes avec lesquels je travaille sur d'autres projets. 

L'ordre d'apparition des images vient de mon feeling personnel. A partir de cela, je cherche à créer la surprise en rapprochant des clichés pour faire sentir quelque chose de particulier et créer des proximités invisibles au premier abord. Pour cela, je suis une certaine logique avec des sujets humains ou animaux placés dans un certain plan que je vais m'acharner à démonter en jouant sur les perspectives de l'image et la jeu entre réalité et fiction. 

St John Perce le 9/11/17

Marco Pietracupa, Shapeshifter -> 12/11/17
Mannerheim Gallery,
6, rue Notre-Dame-de-Nazareth 75003
Shapeshifter de Marco Pietracupa Yard Press Publishing
Plus sur son travail, ici