Charlotte Gainsbourg | Rest, par Arnaud Maïsetti
Quand le mot repos dit le deuil aussi, la paix du repos éternel : alors le reste d’un tout évanoui quelque part où la vie disparue s’éloigne : et la voix dans le lointain s’en va encore.
Quand la voix voilée voile à chaque mot ce qui restera du reste, lève dans la brume les silhouettes effacées d’un passé qui perd la mémoire en silence, la bouche ouverte.
Quand la demande est une supplique qu’à genoux on adresse aux morts pour qu’il nous laisse quelque chose d’eux, un reste de la vie tout entière qu’ils emportent, et qu’à genoux, on demande, encore, comme on demanderait la vie sauve.
Quand des lèvres demeure ce reste de désir qui reste après que tout s’est passé, du passé du désir, des lèvres bues, des morsures échangées la veille, emportées avec la nuit — que l’aube reste dans la solitude.
Quand des baisers et des caresses ne reste rien que des souvenirs : de la poussière – et la mélodie doucereuse de ce qui ne sera plus, plus jamais.
Quand des traces sur le poignet ne restent que des ecchymoses, du sang marqué, des nuances, comme des cris sur les murs seulement des mots qui s’effacent et la peur qui est comme le désir : sans origine et sans fin.
Quand de la rage folle de désirer sur la peau ne reste que la fatigue, et qu’elle n’est pas assez grande pour deux, ni pour cette vie, ni pour l’autre.
Quand il ne reste rien.