BBMIX 2017, entre minimalisme et drones son cœur balance
Un peu, mais pas trop, à l'écart des chemins/schémas musicaux dominants, le BBMIX avec sa 13e édition poursuit son petit bonhomme de chemin (salvateur).
Toujours militant d'une vraie qualité d'écoute musicale, il offre à ses spectateurs le confort d'un théâtre pour ce faire et un label (Un je-ne-sais-quoi) pour faire le DJ pendant la durée du festival. Etalé sur les trois jours du dernier week-end de ce novembre, entre évocation du minimalisme et des drones, cette édition met en avant des figures instituées (si pas méconnues) comme La Monte Young et Eliane Radigue. Petit détour par la très boulonnaise rue de la Belle-feuille.
En discutant avec un des programmateurs de l'événement, Jean-Sébastien Niolet, on arrive vite à apprendre des trucs… "Au départ trois programmateurs on été engagés par la Mairie de Boulogne pour s'occuper d'un nouveau lieu musical sur place. Lieu qui est devenu La Seine Musicale, mais qui a été redirigé vers d'autres instances. Nous avons donc créé le BBMIX il y a 13 ans au Carré Belle-Feuille pour mettre en avant ou redécouvrir des musiciens plutôt à part des sentiers battus. On se souvient encore du concert de retour des Swans avec une foule de 600 personnes échevelées et heureuses d'avoir vécu ce moment."
A la question de comment construire la programmation d'un tel événement, Niolet affirme tranquillement : " Nos sommes un festival sans concurrence à cibler des gens qui ne sont pas forcément dans l'actualité et pas des têtes d'affiches. Cela permet de remettre en lumière des gens méritants, mais jamais de grosses machines. On laisse cela aux autres. Plus découverte et redécouverte qu'avant-garde ou branchés ( allô Pitchfork ?). Un parti-pris défricheur construit autour d'une thématique. Cette année, nous nous attachons aux drones et au minimalisme."
Et plus précisément ? " Les figures centrales des trois jours de 2017 sont Arnold Dreyblatt, pionnier du drone et inventeur d'instruments, un hommage à La Monte young un autre colosse de cette effervescence proto-électronique réinterprété par Celine Wadier, Peter Kember et Etienne Jaumet, tiers du groupe Zombie Zombie. Et enfin, en présence d'Anaïs Prosaïc, la réalisatrice au film Eliane Radigue, l’écoute Virtuose qui vient lever le voile sur le parcours de cette pionnière méconnue qui côtoya Steve Reich, Pierre Henry... Un esprit libre de la musique d'avant-garde. Mais, on pourra aussi entendre pour la première fois en France, les Anglais de Prescott (qui réunit sur la même scène des membres de Scritti Politti, de This is not This Heat et de Pere Ubu), dans le genre bizarre on n’est pas loin d’un record du monde. Mais on trouvera aussi le surprenant Borja Flames ( c'est lui le Jim de June et Jim) et la française Colleen qui fusionne délicatement ambient et musique expérimentale. Elle partagera le plateau avec Accident du Travail, le duo d'Olivier Demeaux (Cheveu) et Julie Normal. Et enfin, autre grand moment, le retour de James Holden, avec ses nouveaux collaborateurs The Animal Spirit."
Un autre souvenir mémorable ? "Ha oui, le concert de Ty Segall. Un vrai grand moment… avec des réactions diverses des Boulonnais. D'une côté les participants conquis d'avoir vécu cela. De l'autre les costards grincheux affirmant que c'est du détournement de lieu culturel pour de la musique de sauvage. Mais ce qui nous motive, c'est encore et toujours de favoriser une écoute fine des spectateurs. Leur donner l'occasion de se poser des questions sur l'écoute et l'échange dans la musique. A ce niveau-là, je crois qu'on a réussi notre pari."
Si vous aimez les salles de contenance moyenne, avec 600 places et un vrai confort d'écoute. Si vous avez décidé, en fin de mois, de ne pas vous ruiner avec des concerts à 11 €. Après tout, le nom de Marcel Sembat devrait vous inciter à danser - comme si on revenait en ligne directe à la IIIe République. Vous, je ne sais pas, mais moi, c'est oui.
Jean-Pierre Simard (ancien coursier à Boulogne) le 23/11/17