A l'ombre des marronniers, le fascisme qui vient. Par Serge Quadruppani

On sait que dans le jargon de la presse, le marronnier est un sujet qui revient périodiquement quand l'actualité est peu fournie et qu'il s'agit de remplir les colonnes d'un support papier (et de nos jours, plus encore, pixélisé).


Le "retour du retour de l'ultra-gauche" pourrait être considéré simplement comme tel, habitués que nous sommes à son resurgissement annuel dans la prose des portes-paroles de la police détenteurs d'une carte de presse, en particulier quand tel service (en l'occurence celui de la DGSI qui s'occupe de l'extrême-gauche) craint des réductions de personnel ou d'autonomie, l'agitation médiatique étant censé obliger les politiques à prendre la "menace" au sérieux. Disons qu'actuellement, du Canard Enchaîné au bulletin municipal de Limoges, il y aurait comme une insistance qui nous ferait présager de grandes opérations médiatico-judiciaires qui auraient tiré des leçons de l'affaire de Tarnac, avec cette nuance inquiétante que désormais, entre les sociologues amis de la BAC, les "spécialistes" de l'antiterrorisme, les notables antizadistes, et les militants du Front national, il y aurait comme une sorte de front commun en formation… Quand on voit qu'au fond, entre le discours du Front et celui des sociologues et autres notables, il n'y a que des nuances, parler de petite musique d'un Dysneyland fasciste pour caractériser l'ensemble paraît de moins en moins exagéré.

Serge Quadruppani

Essayiste, traducteur et éditeur littéraire libertaire français, Serge Quadruppani vient de sortir "Loups Solitaires", son dernier roman (Éditions Métailié), et tient un blog où il s'exprime sur l'actualité "en attendant que la fureur prolétarienne balaie le vieux monde" : Les contrées magnifiques