Au Grand Palais, no Penn, no gain !
Irving Penn (1917-2009) figure parmi les grands maîtres de la photographie du XXe siècle. Au cours d'une carrière qui couvre près de soixante-dix ans, il a élaboré une esthétique épurée de la photographie de studio, caractérisée par une attention méticuleuse accordée à la composition, aux nuances et aux détails. Et on l'apprécie en détails sur deux étages au Grand Palais.
«En tant que photographe, le réalisme du monde réel est quelque chose de pratiquement insupportable pour moi. Il y a trop de douleur accidentelle dedans» I. Penn
Hommage rendu au photographe à l'occasion du centenaire de sa naissance, l'exposition du Grand Palais présente un parcours hors du commun. On y découvre, sur les deux étages qui lui sont consacrés l'ensemble de l'œuvre d'Irving Penn en la situant dans le contexte artistique, social et politique qui en a influencé le contenu, avec plus de 250 tirages.
On voit ainsi défiler les grands sujets que Penn a abordés et les principaux domaines dans lesquels il a exercé ses talents : portraits de personnalités et de célébrités du monde de la culture, mode, nus féminins, recherche sur la cigarette, portraits ethnographiques - au Pérou, au Dahomey (Bénin), en Nouvelle-Guinée et au Maroc -, natures mortes. On pourra aussi s'attarder sur le travail publicitaires et les techniques de tirage du maître.
« En général je trouve décevantes les photos qui représentent les gens dans leur milieu naturel. Du moins, je sais qu’atteindre des résultats convaincants dans ce genre d’images dépasse mes forces… aussi j’ai préféré une tâche plus limitée : m’occuper seulement de la personne, loin des incidents de sa vie quotidienne, portant simplement ses vêtements et ornements, isolée dans mon studio. C’est du sujet seul que je distille l’image que je veux, et la froide lumière du jour se dépose sur la pellicule » (extrait de son ouvrage « Worlds in a small room, 1974 »).
"Une bonne photographie est celle qui communique un fait, touche le cœur du spectateur et le transforme. En un mot, c'est une photographie efficace". I.Penn
La lumière du jour […], c’est la lumière de Paris, la lumière des peintres. Elle semble tomber comme une caresse.
En lui-même, le personnage est étonnant: roi de la mode, il s'habille en jean et déteste les mondanités. Détestant le glamour, il a fini par se marier avec un top model. Et, toute sa vie, Penn a été habité par l’envie de dépasser le premier regard, la façade que lui proposent ses modèles. C'est la raison de son immense et continuel travail de recherche en studio qui lui a fait retoucher épreuves et des négatifs jusqu'à arriver au résultat escompté- et cela pour certains clichés, sur plus de trente ans…
Le plus souvent, pour faire ses portraits, il pose un vieux rideau de théâtre en fond ou deux cimaises pour créer un angle. Que ce soit des représentants des petits métiers, des stars ou des mannequins, il les reçoit simplement, leur offre un café, leur parle… Pour aller ensemble vers un terrain sensible. Des anonymes aux grands de ce monde, il a saisi l'essence de chaque personne : Dali, Picasso, Hitchcock, Marlene Dietrich, Truman Capote, Miles Davis, etc. Et, pour une fois, l'ordre chronologique ne dépare en rien le propos. une vraie claque.
Maxime Duchamps le 27/1017
Irving Penn ->22/01/18
Grand Palais, Galeries Nationales 3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris