Papanosh fait sortir le génie de sa bouteille

La jubilation du code - et de comment s'en extraire - résume assez bien la démarche hautement jouissive de Papanosh. Encore une fois, c'est le dépassement par le haut de l'idiome jazz, à la manière de Charles Mingus, comme on a intégré les paramètres, pourquoi s'y tenir quand on peut très facilement aller au-delà et faire groover la machine sur d'autres rythmes. Au départ, tout cela a l'air bien connu, mais pour peu qu'on y prête l'oreille, ça valse assez vite dans l'ailleurs et l'inédit.

Hard bop le quintet, Rennais d'origine, avec ses dix ans au compteur, il propose son Chicken in a Bottle en repoussant les limites déjà lâches établies par Mingus, Dolphy ou plus près de nous des Lounge Lizards. Vrillez, tourbillonnez, pulsez petits bolides d'une hydre à cinq têtes où chacun mène à sa guise les autres pour mieux ensuite s'y laisser emporter.

Un gros pan de l'histoire du jazz passe par ces types-là : les cuivres du saxophoniste Raphaël Quenehen et du trompettiste Quentin Ghomari irradient, les rythmiques du contrebassiste Thibault Cellier et du batteur Jérémie Piazza jouent avec notre tension, tandis que l'orgue B3 et autres claviers de Sébastien Palis nous propulsent dans le groove des meilleures années Blue Note.

C'est aussi tempétueux que surprenant, c'est aussi loufoque que maîtrisé pour le plaisir de tous, du jeu à l'écoute. alors, on va pas faire plus long, c'est à voir et à entendre. A l'occasion, même les disques … Magnez-vous avant que tout le monde n'en parle. Recommandé !

Jean-Pierre Simard

 

Papanosh - A Chicken In A Bottle - Yellowbird