Floriane de Lassée et les traditions exécrables qui perdurent au Rajasthan

Lorsqu’une femme indienne se marie, elle devient la propriété de sa belle-famille et n’appartient plus à la sienne propre. Ancestralement, si l’époux mourrait, elle devait le suivre dans l’au-delà. La Sati est l’acte des veuves hindoues s’immolant sur le bûcher funéraire de leurs maris afin de remplir leur rôle d’épouse.

L’interdiction de cette pratique séculaire en 1829 n’aura pas suffi à changer le quotidien des femmes. Même si aujourd’hui, les veuves ne sont plus sacrifiées, comme Jules Verne le décrivait dans « le Tour du monde en 80 jours », la tradition continue de façon pernicieuse. Dans le meilleur des cas, une veuve devient l’esclave de sa belle mère, et souvent par « malchance », un accident de cuisine, une chute d’escaliers ou encore une attaque à l’acide fait disparaître l’indésirable. Laissant à la belle-mère l’honneur d’élever ses petits-enfants orphelins.

Le plus souvent dans l’Inde moderne, les femmes veuves ou non, restent encore soumise au diktat de la société pourtant en plein bouleversement. Lors du décès de l’époux, lors d’un viol, d’un divorce ou pour un simple désir d’autonomie financière, les femmes n’ont souvent d’autres choix que de disparaître physiquement ou socialement. Leur statut reste fondamentalement inchangé, cadenassé par le carcan des traditions : c’est la Sati moderne.

Chaque photographie synthétise, dans une composition recherchée, des éléments symboliques et acquiert une profondeur qui provoque l’introspection et la méditation chez le spectateur. Le caractère allégorique du feu à la fois purificateur et passeur, la lumière crépusculaire qui correspond à l’heure de la réflexion, le decorum empreint de solitude, tout invite à la prise de conscience des combats à mener pour le respect des libertés individuelles à l’échelle de l’humanité.

Cette progression déceptive oblige à relire l’image et fait apparaître la force esthétique des photographies prises en 2016 au Rajasthan (état du nord-ouest de l’Inde) où Floriane de Lassée s’est rendue pour témoigner de la condition féminine alarmante.

Cette série a été réalisée en 2016 au Rajasthan, état du nord-ouest de l’Inde

Floriane de Lassée : « Modern Sati » « Trucks » et « Présences » -> 25 février 2017
La Galerie Particulière,  16, rue du Perche 75003 Paris