MVIN s'empare de cent rideaux de fer barcelonais

Il faut avoir un plan en tête, de la suite dans les idées, et beaucoup d'acharnement pour réaliser, comme l'artiste de rue barcelonais Mvin, cette oeuvre qui échappera aux passants, qui n'en verront jamais de leurs yeux qu'une minuscule part (1% exactement), mais prend tout son sens et sa dimension uniquement sur internet, à travers des images et des vidéos qui lui restituent son entièreté, reconstituant tout un parcours (c'est peut-être à comparer à la chasse au Pokemon) qui fut celui de Mvin dans la ville. Comment a-t-il fait ? C'est simple, à l'insu de tout le monde. Habillé en travailleur officiel avec sa chasuble fluo - vous y aviez pensé ? comme les métiers du Moyen-âge, qui avaient chacun leur insigne distinctif, l'humble travailleur d'aujourd'hui a retrouvé avec cette obligatoire chasuble une tenue distinctive, qu'il porte aussi en manif, et fait de lui un picto vivant, une sorte de Playmobil - il est venu seulement repeindre de couleurs en soi banales et sans signification des rideaux de fer de boutiques déjà lourdement taggées, comme à l'abandon, négligées par des propriétaires lassés de repeindre cette chose sans intérêt pour eux : leur rideau de fer, baissé sur la ville. Tout juste si les policiers qui passaient ne le félicitaient pas. Lui souriait in petto : il en savait simplement plus qu'eux. 
Il y a mille façons de prendre la ville.
La plupart requièrent la ruse.
Nous saluons Mvin le fûté.

Christian Perrot

 

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