Ce soir aux Bouffes du Nord : avec Sarathy Korwar, l'Inde prend des accents d'Afrique et de jazz

Une Inde qui sonne africaine, des percussions qui se jouent des répertoires pour s'ouvrir de nouvelles perspectives du côté du jazz et de l'électro, c'est le programme du Day to Day de Sarathy Korwar. 

Né dans la diaspora indienne des USA, Sarathy Korwar a été élevé en Inde où il appris la maîtrise des tablas avec Shri Rajeev Devasthali et Pandit Sanju Sahai. Aussi à l'aise aux tablas qu'à la batterie, il a obtenu en 2011 un diplôme de percussionniste à la School of Oriental and African Studies à Londres où il réside actuellement, pour ses recherches sur l'adaptation des répertoires percussifs classiques indiens à des instruments percussifs étrangers à cette culture.

Sarathy Korwar

Après s'être intéressé au jazz et à l'improvisation avec Karl Berger et Ingrid Sertso, il a dialogué  avec Arun Ghosh ou Shabaka Hutchings, sans jamais oublier de partager la musique indienne classique avec Pt. Ajay Prasanna, Pt. Bhajan Sopori, Pt. Sanju Sahai ou Padmashree Pt. Pratap Pawar.

A ce titre, en 2014, il remporté le Rajshekhar Parikh Fellowship comme meilleur percussionniste de concert et avenir de la musique indienne (ça rigole pas!). En 2015, il présenté et remporté un projet à la Steve Reid InNovation Award by PRS for Music and Steve dont les mentors sont Fourtet, Gilles Peterson et Emanative.

Il a ouvert ce printemps 2016 pour la tournée anglaise de Kamasi Washington avec grand succès, juste avant la sortie, fin août, de son premier album Day To Day qui rapproche des musiciens Sidi enregistrés sur place en Inde, qui sont des descendants d'immigrants africains,
avec le jazz contemporain et Shabaka Hutchings.

Sarathy est enfin la moitié du duo Pergola, avec la multi-instrumentiste Cara Stacey, qui fait des recherches à partir des tablas et des arcs en bouche (mouthbow) dans un contexte électro-acoustique improvisé.

Conçu pendant un long voyage dans la région de Gujarat, l’album a été réalisé à partir de field-recordings enregistrés auprès de La Troupe de Sidi de Ratanpur, dont les voix et les percussions forment l’épine dorsale de Day To Day. La troupe dispose de cinq batteurs – leurs polyrythmies reflétant leur héritage africain, contrairement aux batteurs indiens traditionnels qui jouent à l’unisson.

Les rag quilts colorés que les Sidis fabriquent à la main en utilisant des tissus de récupération est une métaphore parfaite pour le disque : “les femmes Sidis font des collages impressionnants à partir de chiffons de tous les jours”, dit-il. cf. la pochette de l'album.

Et pour sa venue le 3/11 au Festival Worldstock, on vous offre en vraie nouveauté nouvelle, un remix de Dreaming, le Tenderlonious Remix à sortir sur Ninja Tune itou…

Au moment-même où un nain hongrois, mis en accusation dans plusieurs affaires de blanchiments d'argent et d'abus de biens divers et avariés, vante les mérites de la gauloiserie/grivoiserie à deux balles, le parcours musical de Sarathy Korwar a tout pour réjouir les cœurs affolés par tant d'ingénuité, en proposant un mélange-rapprochement de cultures aussi vivaces que pleines de vie. Cet immense percussionniste sera aussi l'une des têtes d'affiche du festival Worldstock ,le 4 novembre prochain aux Bouffes du Nord. On ira.

J-P Simard

Sarathy Korwar Day To Day ( Ninja Tune)
Festival WorldStock #4- Jeudi 3 novembre 2016 à 20h30
au Théâtre des Bouffes du Nord  37 (bis), bd de La Chapelle, 75010 Paris