Romain Vicari remet l'art en chantier
Passionné du langage des chantiers, Romain Vicari s’intéresse au monde du bâtiment et observe couleurs, formes et bruits de l’espace urbain en mutation. Ses objets abordent le changement d’origine et la décontextualisation, pour y créer des déplacements.
Je développe ma pratique dans des lieux que je considère en tant qu’architectures mortes, comme les chantiers. Les pièces que j’y réalise sont éphémères car partageant le même aspect transitoire avec ces sites en perpétuelle mutation.
L’échelle de ces pièces est très importante car résultant d’une relation physiologique de mon corps à l’espace. Leur présence possède donc une certaine énergie humaine. Les notions d’échelle, d’architecture, de ruine et d’équilibre précaire jouent des rôles primordiaux dans ma démarche. De ce fait, une grande partie de ma pro- duction est réalisée in-situ.
Ces lieux urbains sont en transformation, car en vue d’être privatisés. La première étape de ma démarche est d’y implanter la fonction d’atelier. Le chantier choisi devient donc mon lieu de travail. A mon sens, il s’agit d’un laboratoire où des expériences sont réalisables. De cette manière, les matières, les formes et les couleurs du site choisi sensibilisent ma production. La mélancolie et l’énergie qui en découle rythment ma manière d’œuvrer au sein de ce lieu.
A partir de ce travail dans l’espace public, j’ai transféré mes recherches dans d’autres contextes spatiaux, plus appropriés à leur monstration en tant que pièces ipso facto. Il s’agit d’espaces propres et immaculés, de type galerie. Mon travail prend ainsi une autre dimension visuelle, leur signification devenant plus ou moins altérée. Le rapport d’échelle que j’avais élaboré précédemment continue à être un aspect remarquable vis-à-vis de cette nouvelle architecture réceptacle, l’espace occupé étant plus significatif. De plus, cet envahissement vient davantage mobiliser le spectateur. (Romain Vicari)
Site de l’artiste, ici