Des masques pour faire parler l 'inconscient avec Rovini et Toupet

« Le masque qui nous portons devant les autres, et qui nous semble si important que l’on oublie parfois que nous ne sommes pas toujours ce (ou ces) masque(s). »

La Galerie Da-End convie Cendrine Rovini à mettre ses œuvres sur papier en regard du travail du plasticien Paul Toupet. Ces deux-là  ont décidé d’explorer la notion d’identité à travers le thème de la persona.

Persona désigne au départ et en latin, les masques des comédiens du théâtre antique. Autour de cette image se sont ensuite cristallisées diverses représentations mentales : « Persona c’est aussi le personnage que l’on se construit au fil du temps, » explique Cendrine Rovini.
 

Cendrine Rovini, Cantique, 2016 Technique mixte sur papier
Courtesy of the artist & Galerie Da-End, Paris

Théorisée par Carl Gustav Jung dans « Dialectique du Moi et de l’Inconscient » en 1933, la notion de persona révèle une ambiguïté intrinsèque de la personnalité humaine : à trop se préoccuper du paraître, ne finirait-on pas par soi-même se perdre de vue ? Les nouveaux dessins de Cendrine Rovini envisagent l’idée de dépersonnalisation. Ils donnent à voir des âmes extraites de leur corps, des êtres filiformes aux contours vaporeux qui vont errer sans but dans des contrées oniriques. Mutants, perdus, dédoublés, les créatures de Rovini apparaissent comme manifestations d’une confusion intérieure, ectoplasmes jungiens en quête de réunification.

L’exposition Persona déroule une histoire de frontières poreuses entre le réel et la fiction, le monde de l’enfance et celui des adultes, du conscient et de l’inconscient, du familier et de l’inquiétant. Face aux sculptures de Paul Toupet, représentant des enfants et adolescents dans des attitudes ludiques, affublés de masques de lapins, s’engage un processus d’identification du fait de l’échelle et de l’apparente humanité des personnages. La rencontre se mue toutefois en expérience déstabilisante du fait des masques, qui dissimulent non seulement leur visage mais aussi leurs intentions profondes.

Paul Toupet semble imprégner ses œuvres d’une certaine pensée magique héritée des arts dit « premiers ». Charger la matière inerte d’une force émotionnelle et ranimer ses créations d’une présence immanente. En réunissant ainsi ces deux artistes, la Galerie Da-End convie le public à un périple au sein des mondes mystérieux de la psyché humaine.

Paul Toupet, Discussion, 2015 Technique mixte Courtesy de l’artiste et la Galerie Da-End


Cendrine Rovini & Paul Toupet Persona 23/06 ->23/07/16
Galerie Da-End 17, rue Guénégaud75006 Paris
site de la galerie, ici