L'Ovni Borja Flames

A l’habituel, nul n’est tenu. surtout que la formatage actuel de la chanson française a de quoi dégoûter. Alors,  quand la moitié de June et Jim se lance solo, en Borja Flames, on écoute avec attention. et il en ressort un plaisir certain. On s’explique.

 

Nacer Blanco, premier album solo de Borja Flames possède avec le printemps, le parfum des premiers disques de Brigitte Fontaine et Jacques Higelin, la folie douce du Brésilien Tom Zé, l'entrain hispanophone de Manu Chao, la nonchalance catalane de Pascal Comelade, mais ce ne sont que des liens de famille. Car son laboratoire est un grenier plein de malles à souvenirs, la tanière d'un ours qui apprend si vite ses tours qu'elle en devient méconnaissable.

De plus, son art de la fugue colmate les fuites. Il possède effectivement quelque chose des "mélodies radieuses", portées par des "mesures impaires" de Moondog et certaines "harmonies savantes et saugrenues" d'Arthur Russell . Mais tout l’intérêt, après ces prolégomènes destinés à vous brosser les oreilles dans le sens du poil est finalement de l’écouter divaguer son chemin, pousser sa voix, glisser d’idées en sonorités nouvelles et vous laisser finalement séduire, par un avatar incomparable de la chanson française, même si délivrée en espagnol. Ce nouveau venu va briser quelques tabous sonores et nous séduire à long terme. Un vrai choc novateur, comme ça, sans forcer. Un nouveau grand !

Borja Flames, Nacer Blanco, Marxophone Records / Label Le Saule