Todd Hido, l'amateur de séries

Les photos de Todd Hido jouent simultanément sur les deux facettes de l’enchantement, à la fois favorable comme hostile. Ses portraits, où le glamour se mêle inéluctablement à la désillusion, sont révélateurs de cette ambivalence. La lumière - élément prépondérant de son travail - est le symbole de l’altérité de l’enchantement, éclatante versus ténébreuse. Ses clichés nous entrainent sur les chemins de l'imagination où l’enchantement prend un goût de liberté.

Todd Hido est un photographe contemporain américain dont le travail s’intéresse aux côtés les plus dark des banlieues américaines. Né le 25 août 1968 à Kent dans l’État de l’Ohio, il étudie au California College of Arts and Crafts d’Oakland. Le travail de Hido, qui s’inpire en particulier d’Alfred Hitchcock et de Rineke Dijkstra, se caractérise par la présence de « points lumineux » au milieu d’espaces désolés. Sa série Houses at Night (1997) montre des maisons de banlieues éclairées par une unique source de lumière, donnant un sentiment d’urgence et de désespoir à ces scènes ordinaires. Il achève également une série de photos sur des prostituées dans des chambres d’hôtel, notamment Between the Two (2008) et Fragmented Narratives (2011). Et à force de lui dire que son travail ressemble à celui de David Lynch, il a fini par exposer chez lui à Paris… 

Hido se fait remarquer parce que presque tout son travail est publié dans des livres indépendants, ce qu’il considère comme étant de l’art. L’artiste fait l’objet de nombreuses expositions solo à la galerie Julie Saul à New York en 2004, à la galerie Yours à Varsovie en 2008, et à la galerie Particulière à Paris en 2012, entre autres. Il vit et travaille à San Francisco en Californie. 

Avec Hido, bienvenue dans l'Amérique telle qu'elle n'aime pas se révéler, se montrer, par peur qu'on la découvre moins désirable qu'elle n'est. Avec ce photographe, on est devant et dans le paysage, devant et dans le spectacle d'un monde certain, d'une Amérique au panoramique, qui a mis de la couleur partout- souvent de mauvais goût- pour oublier qu'elle n'a pas grand chose à offrir en dehors de sa consommation. Fors l'humain… Là où ça redevient intéressant.

Jean-Pierre Simard

Todd Hido