Laurent Lafolie offre, avec Phanesthai, un voyage en image dégradée

A vouloir, comme Laurent Lafolie, présenter des œuvres entre photographie et expérimentations plastiques, on tombe en arrêt devant des clichés qui explorent l’image et la notion d’identité.

Essentiellement consacrées à la figure humaine, sauf la série Métonymies, les images de Lafolie sont constituées de portraits, de tête ou en buste, multipliés, déformés, floutés… Cet apparent sujet n’est pourtant qu’un objet, support d’une démarche avant tout plastique. L’image est en effet le véritable sujet du travail de Laurent Lafolie.

Laurent Lafolie porte sa démarche jusqu’à l'attention au tirage. C’est là qu’intervient la dimension artistique de sa création avec un traitement plastique particulier. Ici, le support est scrupuleusement sélectionné : washi (papier artisanal japonais), soie, verre, papier calque… Ils sont d’une épaisseur de plus en plus fine : le washi employé dans la série Phainesthai pèse 20 grammes par mètre carré, la soie de la série Ab-,15 grammes au mètre carré. Cette minceur croissante participe à l’évanescence qui est au cœur de son œuvre.

Les processus de tirage, comme les supports, font l’objet de choix précis :  le contact, platine, jet d’encre au charbon ou par impression UV. De ce choix résulte un rapport entre le poids de l’encre et la densité ou la taille du papier qui est minutieusement calculé pour obtenir la mise en forme voulue. Les clichés ondulés ou si légers qu’ils bougent au passage des spectateurs.

Toutes les œuvres participent d'un processus d’effacement, de disparition progressive d’une entité, qui ouvre la porte à son possible remplacement par autre chose. La série Ab- explore le thème de l’identité sous l’angle de l’intime tandis que les séries Phainesthai, Y et Métonymie I le font par celui de l’image de soi et de la reconstruction et celle intitulée /o.sti’.na.to/ par la dualité.

Phainesthai de Laurent Lafolie ->29/10/16
Galerie Binome  19, rue Charlemagne 75004 Paris
site de la galerie, ici