Sandrine Rondard et ses heures d'avant la nuit
Plus que sur toute autre manifestation vitale, je me suis penchée, toute mon existence, sur les éclosions. C’est là pour moi que réside le drame essentiel, mieux que dans la mort qui n’est qu’une banale défaite. (Colette, Le Blé en Herbe - 1923)
Sandrine Rondard part d’un protocole où l‘observation, la mise en scène et la traduction plastique de l’image sont mises en œuvre. D’abord, il y a la promenade. Moment propice à la rencontre, avec un paysage, une matière naturelle, une couleur, une lumière. Tous ces éléments constituent les différents enjeux de son travail pictural. « Je préfère la lumière tombante, entre chien et loup. » Ce moment hors du temps, moment limite, entre la fin du jour et le début de la nuit.
Armée de son téléphone, l’artiste photographie le paysage plongé dans un état flottant où les définitions s’évaporent. Des dizaines et des dizaines d’images sont prises d’une manière spontanée, mouvante, pour ne jamais fixer cet espace instable et fragile. La méthode, volontairement sauvage et incontrôlée, engendre l’erreur, l’accident, le flou et l’insaisissable. Des failles que Sandrine Rondard fouille dans la matière, le dialogue des couleurs et les trouées lumineuses. Du rose, du gris, du vert. Et, partant de ses photo qu'elle peut tirer sur toile ou simplement projeter, son travail relit,découpe et s'offre à voir. Un peu comme celui de la regrettée Dominique Bouchard qui, elle appelait ce moment, ses Traces.
Sandrine Ronsard, Hidden Place 15/10 -> 26/11/16
Under Construction Gallery 6, passage des Gravilliers75003 Paris