Jorge Molder, back to black !
Molder cherche à trouver dans la photographie une géographie fine des ambiguïtés par un travail entre représentation de rêves et méta-réalité. Singulier, il tente une réflexion sur l’être au monde et le temps.
Jorge Molder est l’un des artistes portugais les plus singuliers de sa génération. Depuis les années 70, il développe un travail photographique entre rêve et méta-réalité. Il interroge les tréfonds de la mémoire à travers des mises en scène de lui-même où l’on retrouve sous-jacentes certaines références cinématographiques, littéraires, picturales et philosophiques. Il joue avec lui-même dans ses images comme s’il cherchait à transcender sa propre identité pour pointer du doigt l’inquiétante étrangeté des éléments du quotidien, et réveille la mémoire sensible du spectateur confronté à ses souvenirs personnels ou artistiques.
Dans son travail il y a un goût pour les lieux d’ombre de l’âme, pour une météorologie fine des ambiguïtés, et c’est bien le côté métaphysique qui traverse le quotidien de tout être humain qui intéresse Molder. Il amplifie le sujet par le biais de sa propre image et l’artiste, non sans ironie, semble se confronter à lui-même en tant qu’étranger. Il s’agit de séries dont le sujet est souvent l’artiste lui-même, son visage, ses mains. Se situant au-delà de l’autoreprésentation ou de l’introspection, Jorge Molder fait de ses images métaphoriques, un matériau à travers lequel il tente une réflexion sur l’être au monde et sur le temps.
L’une des questions soulevées dans les œuvres de Molder réside dans la signification de l’apparence de l’homme, si elle doit avoir une signification. L’art particulier du portrait réalisé par l’appareil photographique de l’artiste erre sur des territoires superficiels — les masques, la représentation, le jeu — et cherche toujours à découvrir et à projeter une vérité intime ou une cohérence, un secret ou une agalma (une perle dans le noir) qui permettra de justifier et de trouver une solution à sa propre représentation.