De quoi parlent les soldats du peintre irakien Riyadh Ne'mah ?
Nous ne comprenons pas le monde où les soldats sont présents dans la société, sont n'importe qui, sont millions, sont tout le monde. L'occident ne se représente pas ce Moyen-Orient où chaque famille compte un ou des soldats, miliciens, combattants. Nous nous figurons mal aussi comment des manifestants un jour, une semaine, un mois contre Bachar Al Assad, se retrouvent une Kalachnikov à la main et engagés dans une guerre à mort alors qu'ils étaient, la veille encore, boulangers, étudiants, maçons, garagistes.
Après avoir passé une soirée avec un homme qu'il avait trouvé charmant, et dont il n'apprit qu'il était soldat qu'après qu'on lui ait annoncé sa mort au combat, une semaine après, le peintre irakien Riyadh Ne'mah a voulu montrer combien un homme peut en dissimuler un autre. Il désire également expliquer combien les a priori et les préjugés peuvent être faux. Ne pas s'attarder aux apparences, ne pas juger quelqu'un, tels sont les messages qui transparaissent à travers l'image du soldat, déconstruite, métamorphosée et comme « lavée » par la peinture qui lui coule sur le visage. Celle-ci devient un symbole de renaissance. C'est le zeitgeist, l'esprit du temps, guerrier et pourtant proche, humain trop humain, au Moyen-Orient.
Né en 1968 à Bagdad, Riyad Ne'mah a obtenu son diplôme en beaux-arts avec spécialisation en peinture dans sa ville natale. La naissance de son art coïncidera avec l'émergence de la dictature de Saddam Hussein. Un art teinté donc de douleurs, de questionnements et de déceptions. Plus tard, établi en Syrie et puis au Liban, il transportera ses blessures pour les exprimer en peinture.
Riyad Ne'mah aurait pu être caricaturiste car son travail pictural met l'accent plus particulièrement sur les portraits. Mais dans un monde qui ne comprend pas l'humour, la caricature peut être dangereuse. « Anonymes ou amis, ils deviennent petit à petit mes victimes, puisque j'en dispose à ma guise », dit-il. Il y a un véritable choc qui s'effectue entre le réalisme du personnage et les lavis de peinture qui suscitent une métamorphose de la figure. « Je peins ce que je sens, ce que je perçois dans l'autre et non ce que je vois. »
Ne'mah a voulu, à travers le portrait du soldat, montrer combien un homme peut en dissimuler un autre. Il désire également expliquer combien les a priori et les préjugés peuvent être faux. Ne pas s'attarder aux apparences, ne pas juger quelqu'un, tels sont les messages qui transparaissent à travers l'image du soldat, déconstruite, métamorphosée et comme « lavée » par la peinture qui lui coule sur le visage. Celle-ci devient un symbole de renaissance.