"Torch of the Mystics" : Ethnolodique, comme les Sun City Girls

La musique harmolodique appartient à Ornette Coleman, toute à déconstruire l'idiome du jazz; l'ethnolodique est du côté des Sun City Girls - ni filles, ni rockeurs, ni ploucs. A la recherche d'une musique du monde alliant franche déconnade et féroce création : Torch of the Mystics… 

En trente années d’activité, les Sun City Girls auront joué avec moult codes musicaux : du rock (en particulier garage, cowpunk, rockabilly, surf, acid), du jazz (cabaret, smooth, free), de la musique expérimentale (concrète, atonale, bruitiste), de la country, du folklore local et des musiques traditionnelles étrangères (mexicaines, sud-américaines, nord-africaines, japonaises, thaïlandaises, javanaises). Jamais un groupe ne s’était à ce point maintenu dans une forme de précarité esthétique, sauf peut-être Can ou Frank Zappa ( leur idole).

Torch of The Mystics, paru en 1990, et relifté de propre cette année, est le disque qui les a rendu crédibles dans l’underground US et leur plus connu à ce jour. Celui où le trio peaufine le son, tout en épurant les barbelés sonores des précédents albums. C'est aussi leur première ouverture vers les musiques non américaines. Leur plus accessible aussi. Car jusque-là, comme pour la plupart des groupes expérimentaux, fallait se lever tôt, pour s'enfiler du Sun City Girls sans Lexomil. Là, nul besoin de pharmacie pour apprécier, car la musique jouée la contient, de psychotrope brésilien en Inde fantaisie (The Vinegar Stroke), d'Asie revue chromo (The Flower), ou fan allumé Cherrios de Sebadoh (Blue Mama). Voyage, voyage donc; mais voyage zarbie, comme sur Papa Legba.


Puis, les projets parallèles prendront le pas sur le parcours du trio. Alan et Rick, en particulier, décideront avec leur ami Hisham Mayet de concrétiser leur intérêt pour les cultures non occidentales, avec un label dédié à la world music :  Sublime Frequencies, d'excellente facture, encore aujourd'hui. Qui plus est, Shining Path, leur adaptation de La Lambada, préfigure le travail de Calexico, de quelques bonnes années… On appelle ça un classique. Un vrai.  

Torch of the Mystics de Sun City Girls (Majora)