"Taratine" : un souvenir d'enfance de Daisuke Yokota

Taratine

En fouillant à travers le brouillard de ma mémoire, je me revois jeune garçon, de pas encore dix ans. Guidé par la main de mon frère, qui m'appelle, je vais vers le vacarme du festival d'été de notre quartier. Les trottoirs sont brûlants des rayons du soleil de midi, mais le bruit des tambours taiko ne diminue pas, rebondit sur les murs de la ville, au-dessus des têtes des gens en fête; dont les cris se noient dans le perçant chant de mort des cigales.

Serrant bien fort nos pièces dans nos petites mains, mon frère et moi approchons de la rangée des stands de nourriture. Il achète des yakitori et des yakisoba pour le dîner. Avec la monnaie, je m'achète ma gourmandise préférée : une pomme d'amour. Après nous être encore amusés un peu, nous rejoignons la maison, où mère doit nous attendre.

En courant dans l'escalier, nous arrivons sur l'étroit palier qui mène à la porte de notre appartement. Un air froid flotte autour de nous, coincé entre les murs de béton.

Mon frère tourne la poignée, mais voyant qu'elle n'ouvre pas, il sonne à la porte. Je presse mon oreille contre le métal froid de notre porte, mais n'entends pas le son habituel des pas pressés de ma mère, qui se précipite toujours pour nous ouvrir.

Désemparés, nous battons en retraite, et nous résignons à attendre patiemment assis sur les marches, sûrs que notre mère n'allait pas tarder à rentrer.

Je me souviens de la chaleur ce jour-là, plus forte que jamais auparavant.

La pomme d'amour à moitié mangée serrée entre mes doigts se liquéfie dans ma salive et l'humidité épaisse, étouffante, de l'air, et se met à couler en petits ruisseaux collants et sucrés. Se frayant son chemin le long de mon poignet tel une limace langoureuse, le gel s'arrête juste avant de toucher mon coude, et devient un fil d'ange qui s'étire en tombant jusqu'au sol. Je regarde mesmérisé l'orbe sirupeuse qui brille dans le soleil couchant.

Des décennies après, les jours de chaleur poisseuse de l'été ne manquent jamais de me ramener à cette scène de mon enfance. Pendant toutes ces années qui m'en séparent, j'ai grandi, je suis devenu un homme, assez grand pour ouvrir la porte et me laver les mains sans l'aide de sa mère. Et pourtant, j'ai eu beau me laver et relaver les mains, à ce jour, je ne suis toujours pas capable de m'ôter de la mémoire cette sensation sucrée, collante, d'une douceur presque à écoeurer, de l'été. 

Daisuke Yokota

(Traduction L'Autre Quotidien)
 

垂乳根

 

遠い記憶の、おそらく私が10歳にも満たない時のこと。

 

私は兄に連れられて団地の夏祭りへと向かった。

午後も少し過ぎ、陽が真上から照りつける厳しい暑さだったけれど、外は多くの人であふれ、町中に響く太鼓の音と、死期の近づいた蝉の鳴き声が、耳をさす様に辺りをおおっていた。

 

一通り祭りを楽しんでから、兄は母に頼まれた焼き鳥や焼きそばを買い、私は大好きなりんご飴を買って母の待つ家へ帰る事にした。小走りに階段を上がり玄関前のコンクリートに囲まれた小さな空間に入ると、そこにはまだひんやりとした空気が残っていた。

 

兄は一度ドアノブを回し、扉が閉まっている事を確認してから、呼び鈴をならした。いつもならすぐに早足でこちらに向かってくる母の足音が、扉の向こうから聞こえてくる事はなかった。兄と私はどうする事も出来ずに、母はすぐに帰るだろうと家の前で待つ事にした。

 

その日はいつにも増して暑かった事を覚えている。

 

幼い私の持つ食べかけのりんご飴は、私の唾液と、息を吸うのも不快なむせ返りそうな程の湿度のせいで、だらだらと私の指先から手首へとナメクジが肌を這う様に垂れていった。それは肘に達する手前の腕の腹から、糸を引きながら地面へと滴り、傾き始めた陽の照らす足下で、丸く膨みを保ちながらきらきらと光っていた。

 

数十年が経った今でも、私はこの時の光景を蒸し暑い夏の日に思い出す。

 

今では、母を待たずに自分で家の扉を開けその手を洗う事が出来る位には大きくなった。けれど、私の記憶に染み付いてしまった、その甘ったるいべとべととした感触はいつまでもとれないでいる。

 

横田大輔

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Daisuke Yokota - Taratine

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