Ce qui est inquiétant, ce n'est pas tant, ou pas seulement, le présent, mais ce qui vient après. Tout comme les guerres ont laissé un héritage à la paix, une série de technologies de mauvais augure, du fil de fer barbelé aux centrales nucléaires, il est également très probable que les gouvernements cherchent à continuer à exercer le contrôle étendu sur la population que leur a permis d’expérimenter cette période d'urgence sanitaire : fermer les universités et les écoles et faire des cours uniquement en ligne, arrêter une fois pour toutes de se réunir et de parler pour des raisons politiques ou culturelles, et d'échanger uniquement des messages numériques, en remplaçant chaque fois que possible chaque contact - chaque “contagion” - entre les êtres humains, par des machines.
Read MoreChristian Perrot | Le 25 octobre 2018, est sortie en volume unique, aux éditions Quodlibet, l’œuvre qui a occupé Giorgio Agamben pendant vingt ans, le projet Homo sacer. Dans les volumes qui font partie de cette œuvre ont été définis et introduits dans le débat philosophique des concepts qui deviendront par la suite un patrimoine commun (quand ce ne serait que pour avoir fait souvent l’objet de critiques) dans la philosophie contemporaine : ceux de « sacertas », de « vie nue », de « camp », de « forme-de-vie », la dichotomie « bios/zôè », pour n’en citer que quelques-uns. Interlocuteur du Comité Invisible, entre autres insurgés de la pensée, et critique féroce de “l’état d’exception”, qui n’a plus rien d’exceptionnel mais tout de “normal" aujourd’hui, Giorgio Agamben nous importe (et nous apporte) beaucoup.