Il n'y a pas de rafle humanitaire : venez en aide aux réfugiés et aux migrants

Éditorial

Pendant des années, rien n'avait été fait pour aider les réfugiés et les migrants en France, au point que la justice avait dû, à Calais, condamner le gouvernement pour l'obliger à faire des choses aussi peu coûteuses qu'installer des points d'eau. A Paris, ils sont des milliers, sans toilettes, sans douches, sans autre aide que celle de bénévoles, littéralement à la rue depuis au moins 2010, évidemment dans les quartiers les plus populaires de la capitale. Et nous assistons maintenant, depuis deux semaines, à un grand spectacle pré-électoral de rafles et de déplacements forcés de ces réfugiés et migrants, dont on ne peut que soupçonner le gouvernement de vouloir surtout les cacher en les dispersant, envoyant des gens aux quatre coins de la France sans même qu'ils sachent où ils arrivent, ce qui les y attend, ce que sera leur futur. Beaucoup finiront par être expulsés dans le secret.

Nous trouvons qu'il y a quelque chose d'indécent dans cette hâte suspecte à régler en apparence un problème qu'on a laissé pourrir des années faute d'avoir le courage de dire qu'on allait faire une place aux réfugiés et migrants (quelle est la différence quand on vient du Darfour ? les balles demandent-elles aux gens s'ils font de la politique ? seule chose qui, paraît-il, justifierait qu'on accorde à ces soudanais le statut de "réfugié politique"). Et de plus indécent encore dans les propos "humanistes" de François Hollande et Manuel Valls, qui déclarent soudain que la France, ne serait-ce que pour son statut international, ne peut pas abandonner de telle manière les réfugiés à leur sort. Qu'ont-ils fait d'autre pendant des années ? Que se préparent-ils exactement à faire aujourd'hui ?

Certains espèrent le meilleur. Nous soupçonnons le pire. Que fera le nouveau gouvernement qui sortira des élections de ces migrants prisonniers dans des centres de rétention ? Y-a-t-il une véritable intention de leur faire une place en France ? Nous n'avons rien entendu là-dessus. En attendant, nous avons droit au spectacle de rafles et d'humiliations quotidiennes d'étrangers à Paris, qui vont culminer cette semaine. Nous vous invitons à suivre de près l'action de la police - c'est notre devoir de citoyens, et nous ne sommes pas naïfs, voir cet article sur Calais - et à aider les réfugiés et migrants en ces temps qu'on veut nous vendre comme "plus roses" pour eux, à qui l'on viendrait enfin en aide, mais qui nous semblent bien noirs, et rappellent des temps que nous n'avons pas envie de revoir.

Christian Perrot, L'Autre Quotidien