Venezuela. Maduro est-il le seul à faire la fête?
Le 6 décembre 2020, des élections ont eu lieu pour une nouvelle Assemblée nationale, le seul pouvoir de l’Etat qui n’était pas contrôlé, depuis 2015, par le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), qui dispose dès lors d’une hégémonie absolue sur la scène politique nationale. Le parti dirigé par Nicolás Maduro contrôle 19 des 23 gouvernorats [le Venezuela est divisé en 23 Etats, et un district fédéral ainsi que des «dépendances fédérales], commande 305 des 335 mairies et dispose de 227 députés sur 251 dans les assemblées législatives régionales. Tout ce pouvoir contraste avec une désapprobation qui frôle les 90%, résultat d’une gestion désastreuse de l’économie, qui a enregistré le pire effondrement de son histoire à l’époque de Maduro (2013-2020) [estimé à une contraction du PIB de quelque 92% depuis 2013].
Dans ces circonstances, il semblait que la défaite électorale du gouvernement serait écrasante. Mais apparemment, c’est le contraire qui s’est produit. Malgré une très forte abstention, de l’ordre de 70%, le PSUV a fêté une «victoire» très confortable, qui lui a permis de reprendre le contrôle de l’Assemblée nationale. Cependant, cet échec électoral de l’opposition a été vendu comme un triomphe par ses soutiens, qui prétendent avoir impulsé une abstention historique.
Dans ce scénario, plusieurs questions se posent: avec quels pourcentages le chavisme a-t-il encore gagné? Est-ce vraiment une victoire du gouvernement? Comment évaluer la stratégie abstentionniste et insurrectionnelle de l’aile radicale de l’opposition? Quelles sont les perspectives à court terme dans la crise politique et les risques d’apathie et de désaffection? Voyons.
Une défaite évitable
Le gouvernement a gagné avec 68% des 6,2 millions de suffrages. Il ne reste plus que quelques sièges à pourvoir au Congrès, et le PSUV a gagné environ 185 sièges [1], ce qui est suffisant pour s’emparer complètement de l’AN, c’est-à-dire pour faire adopter des lois de niveau constitutionnel et modifier à bien plaire presque tout le système juridique national. En gros, il semblerait que le chavisme ait obtenu un peu plus de voix qu’en 1998, mais avec un registre électoral qui a doublé et avec tous les avantages d’être un gouvernement pendant plus de deux décennies consécutives. Si lors des dernières élections parlementaires, en 2015, environ 74% des électeurs inscrits ont voté. En 2020, seuls 30% l’ont fait. En d’autres termes, l’abstention a presque triplé et n’est comparable qu’à celle de 2005, au plus fort du gouvernement d’Hugo Chávez, lorsque aucun opposant ne s’est présenté aux élections, avec des discours similaires à ceux d’aujourd’hui sur le manque de garanties pour l’opposition. Alors, l’abstention a été de 74,74% et le chavisme [qui se présentait, pour l’essentiel, sous la dénomination Movimiento Quinta Republica] s’est retrouvé avec 97% des sièges.
Dimanche 6 décembre, dans ce contexte d’abstention massive, l’alliance de l’opposition la mieux placée a obtenu un peu plus d’un million de voix. Et dans l’ensemble, l’opposition qui a participé aux élections – opposition mortellement divisée et atomisée – a obtenu, pour ce qui est de l’Alliance démocratique, quelque 1,15 million de voix et 18 sièges. Alianza Venezuela Unida a obtenu 260’600 voix et 2 sièges. Et l’Alternative populaire révolutionnaire 170’000 voix et 1 siège [2]. C’est un chiffre significatif au vu de la campagne acharnée de l’opposition abstentionniste pour discréditer quiconque envisagerait d’affronter le Chavisme sur son terrain le plus faible: l’arène électorale.
Le total des voix de la coalition dirigées par le PSUV est de 4,3 millions. C’est 25% de moins que ce qui a été obtenu aux élections législatives de 2015, mais avec un nombre de voix plus élevé. Par rapport aux 8 millions de voix supposées obtenues lors des élections d’août 2017 à l’Assemblée nationale constituante, l’hémorragie est de près de 50%. Il est en soi notoire que si toute l’opposition était allée voter, elle aurait pu remporter les élections.
Cette «victoire» du gouvernement est-elle utile?
La «victoire» du gouvernement était attendue. Deux machines l’ont propulsée: les ressources économiques et des moyens médiatiques énormes. D’une part, le gouvernement lui-même a fait pression sur sa base politique en menaçant de retirer l’accès aux distributions de nourriture [qui est organisé par les Comités Locales de Abastecimiento y Producción-CLAP] à ceux qui n’allaient pas voter. D’autre part, Juan Guaidó et la «communauté internationale» ont fait des efforts herculéens pour empêcher leur propre base d’opposition de voter, empêchant ainsi les opposants au gouvernement de voter contre Maduro et le PSUV. C’est un secret de Polichinelle que l’ancien candidat à la présidence Henrique Capriles, qui avait feint de participer aux élections du 6 décembre, a dû démissionner d’une telle entreprise en raison de pressions qui sont devenues de vigoureuses menaces: depuis des sanctions économiques jusqu’au gel de ses avoirs aux États-Unis. Ainsi, avec l’intimidation de tous ceux qui voulaient voter contre le gouvernement, l’élection semblait un jeu d’enfant pour le PSUV, qui a littéralement concouru seul.
Comme prévu, peu après que plusieurs pays d’Amérique latine ont ignoré l’élection de dimanche dernier, l’Union européenne a rejeté le résultat et a demandé à Maduro d’ouvrir une voie vers la réconciliation nationale. Il est facile de voir que le chavisme a refusé d’accepter la proposition faite par l’UE d’envoyer des observateurs pour les élections et d’accompagner le processus parce que cela aurait pu encourager une participation qui aurait conduit à la défaite totale de Maduro. L’action du gouvernement fut de promouvoir des initiatives qui inciteraient l’opposition à s’abstenir, ce qu’il a fait avec beaucoup de succès. Même le jour des élections, il a pris sur lui de commettre des irrégularités électorales inutiles et grossières afin d’inciter à l’abstention. Depuis les «points rouges» [locaux électoraux contrôlés par les forces gouvernementales] controversés, dans lesquels le «carnet de la patrie» [mis en place en janvier 2017, il permet de recevoir une fois par mois un colis alimentaire à un prix subventionné] est scanné comme une forme de contrôle de ceux qui votent pour le PSUV, jusqu’au changement soudain, le jour même des élections, du lieu de vote de Maduro et de sa femme, changeant leur lieu de vote traditionnel, dans le quartier populaire de Catia, pour installé dans le fort militaire Tiuna.
Le gouvernement donne peu d’importance au discours répétitif sur sa «légitimité». En fait, il répond en soulignant que dans d’autres parties du monde, il y a beaucoup d’abstention (par exemple, lors des élections parlementaires en Roumanie) et qu’en 1993, Rafael Caldera [président du Venezuela de février 1994 à février 1999] a remporté les élections présidentielles avec seulement 17,66% des voix, un peu moins de 20% obtenus par le gouvernement lors de ces dernières élections. Et personne n’a alors mis en doute sa légitimité. Pour sa défense, l’exécutif fait valoir que malgré le refus des observateurs internationaux de l’UE, plus de 1500 observateurs nationaux et internationaux se sont joints et se sont déployés dans les bureaux de vote du pays.
Maintenant que la controverse sur les élections est terminée, le gouvernement assure qu’il pourra enfin apporter un soutien légal à ses politiques économiques, qui passent par une ouverture et une recherche effrénée d’investissements étrangers à tout prix [entre autres en provenance de la Chine, qui cherche à récupérer les prêts effectués en mettant la main sur des ressources pétrolières]. On s’attend à ce que des lois soient adoptées pour encourager la privatisation expresse des précieux actifs de l’État, un processus qui a déjà été avancé sotto voce. Sont également prévus des ouvertures massives, un endettement et des réglementations qui garantissent des investissements avantageux aux entrepreneurs iraniens, turcs, russes et chinois. L’intention est de survivre au jour le jour. Chaque heure qu’ils restent au pouvoir est un gain.
L’insurrection imaginaire
Le 20 mai 2018, la majorité de l’opposition a décidé de s’abstenir de participer aux élections présidentielles. Cette tactique avait déjà été employée lors des élections législatives de 2005, mentionnées plus haut, au cours desquelles le chavisme avait, comme on pouvait s’y attendre, gagné tous les sièges et promu en toute sérénité les lois qui lui permettraient de gouverner plus facilement, sans aucun contrepoids. En mai 2018, il a été avancé que le régime avait exclu de la bataille électorale des candidats historiques de l’opposition. En raison de cela et d’autres irrégularités, l’opposition a décidé de s’abstenir dans l’intérêt d’une pression pour des conditions électorales optimales. Le résultat est connu de tous.
Depuis le 23 janvier 2019, lorsque le député et président de l’Assemblée nationale Juan Guaidó a prêté serment sur une place, lors d’un rassemblement, en s’auto-proclamant «président en charge de la République», la voie électorale et la lutte démocratique contre le régime de Maduro ont été considérées comme une option de collaborationnistes et de poules mouillées. En février 2019, des sondages ont révélé que Guaidó était accepté par 80% des citoyens. Les gouvernements alliés des États-Unis et plusieurs autres gouvernements européens sont alors venus l’applaudir. Le 23 février, une insurrection sui generis a été proposée à travers un cheval de Troie atypique: une aide humanitaire internationale. Cette dernière entrerait «quoi qu’il arrive» par la frontière colombienne. Le plan était que les gens sautent dans des camions et que l’armée se joindrait alors au soulèvement du peuple. Cette escroquerie fit un échec total: pas une seule boîte n’a pu passer dans une frontière poreuse où la contrebande d’essence et de nourriture est immense chaque jour.
Après qu’on a cru que la tentative frustrée d’assassiner Maduro avec un drone chargé d’explosifs le 4 août 2018 sur l’avenue Bolivar était la tentative subversive la plus audacieuse, on s’est réveillé le 30 avril 2019 avec une tentative de coup d’État civilo-militaire menée par Guaidó. Le jeune «président» a affirmé avoir pris, ou être à l’intérieur de la base aérienne de La Carlota, située au cœur de Caracas. Quelques heures plus tard, et sans un seul coup de feu, la sédition a été écrasée. Plusieurs militaires se sont rendus, affirmant avoir été trompés, et d’autres ont fui vers des ambassades étrangères le même après-midi. Personne n’a assumé la responsabilité de ce coup d’État embarrassant, qui a fini par être largement ridiculisé sur les réseaux sociaux. En 2018, nous avions déjà assisté au massacre du groupe armé dirigé par Oscar Perez, un ancien commandant de police célèbre pour avoir tiré sur la Cour suprême de justice et volé des armes de gros calibre dans le fort de Paramacay.
La sous-estimation de la puissance militaire et policière du gouvernement bolivarien est donc vraiment stupéfiante. En 2019, une nouvelle aventure insurrectionnelle de nature militaire a eu lieu. Dans l’après-midi du 26 juin, le gouvernement a déclaré, sur un ton de dérision, qu’il avait fait échouer une autre tentative de soulèvement militaire. Ce jour-là, plus de 30 soldats ont été arrêtés et accusés de «trahison», une accusation généreusement soutenue par les juges chavistes.
En pleine pandémie de 2020, entre les 3 et 4 mai, une tentative foquiste [foyer de guérilla], ayant des aspects de farce, a été conduite au cœur de la baie de Macuto et de Chuao [«Operación Gedeón»]: venues sur deux embarcations, environ 22 personnes mal armées ont fait irruption avec du matériel militaire et de solides convictions pour libérer les 30 millions de victimes vénézuéliennes du régime actuel! Il y avait des ex-militaires avec des armes, des uniformes, du matériel et tous portaient leurs vrais papiers d’identité. Ils sont entrés par la côte centrale en plein jour, à quelques kilomètres du plus grand port du pays et d’une base navale, dans une zone densément peuplée. L’incursion a conduit à une bataille sanglante au cours de laquelle plusieurs jeunes hommes ont été tués. Le gouvernement a même capturé d’anciens militaires américains dans le cadre d’une opération qui a été considérée comme une parodie de la Baie des Cochons, à petite échelle [tentative d’invasion de Cuba en avril 1961].
L’abandon de la lutte électorale semble avoir poussé l’opposition dans certaines des formes les plus improbables d’aventurisme politique. Au milieu de ces farces et tragédie s’annexe un grand nombre d’échecs insurrectionnels. Les séditions semblent s’effectuer sur le terrain de prédilection d’un gouvernement de nature militaire et policière qui, avec le soutien d’autres régimes (Cuba, Russie, Chine, Iran), tous experts en contrôle social et en lutte anti-subversive, balaie ces initiatives avec une extrême facilité. Les échecs sont si retentissants que, aussi embryonnaires qu’ils soient, les gens les considèrent comme irréalistes ou même inventés par le gouvernement lui-même.
Les plaisanteries sur la stérilité de ce type d’initiative remplissent les réseaux sociaux et la frustration s’empare de milliers de Vénézuéliens qui finissent par voter simplement avec les pieds et quitter le pays [quelque 5 millions]. Chaque mutinerie entraîne un profond sentiment de défaite et de regret; un sentiment de défaite intrinsèque et une disposition au désastre qui submerge le moral de la base de l’opposition et les place dans l’attente d’un miracle impie: une invasion des troupes américaines pour libérer la population du communisme. Une possibilité qui a été niée mille fois par tous les porte-parole officiels des États-Unis, qui ont à maintes reprises nié une telle possibilité sanglante. Ils se sont même moqués des militants qui sont enclins à «exiger» une invasion libératrice qui les mettrait au pouvoir, qualifiant leurs propositions de «réalisme magique» [déclaration d’Elliott Abrams sur la chaîne NTN24 en septembre 2020].
C’est un chemin de défaites continues qui, d’une part, justifie l’insistance sur la voie insurrectionnelle, en abandonnant la lutte démocratique électorale (en raison, selon eux, de toutes les injustices, avantages et pièges que le gouvernement commet dans ce domaine); et qui, d’autre part, explique pourquoi l’opposition a décidé de s’abstenir et de continuer sur un chemin de confrontation qui semble clairement condamné à la défaite. Le référendum promu par Guaidó, organisé depuis le 7 décembre, semble être la plus grave manifestation d’impuissance depuis des années.
2021: entre apathie et désaffection?
Il semble que l’on s’attendait à ce qu’une grande partie de l’opposition suive la voie de l’abstentionnisme le 6 décembre. Presque sans initiative, le «président en charge» Guaidó a promis, afin de contrer les élections «frauduleuses», une consultation populaire en ligne dès le 7 décembre. Avec un conseil électoral national parallèle composé uniquement de ses plus proches alliés, des questions seront présentées à la population, via Telegram et une autre application, comme: «Exigez-vous la cessation de l’usurpation de la présidence par Nicolas Maduro […] Rejetez-vous les élections du 6 décembre […] et ordonnez-vous que les mesures nécessaires soient prises devant la communauté internationale pour sauver la démocratie […]?» Ces questions sont si grossièrement évidentes qu’elles font rire même les opposants les plus radicaux. Se demander ce qui est axiomatiquement accepté par leur base semble être un acte qui ne fait qu’exposer leur propre manque de tactique et de stratégie.
L’opposition soutient qu’il était inutile de participer et de gagner les élections, puisque le gouvernement avait annulé le précédent Parlement par une ruse juridique de la Cour suprême de justice qui l’a déclaré coupable d’outrage. Cependant, le fait que Guaidó soit devenu un opposant et que sa présidence a été «proclamée», y compris son étreinte avec Donald Trump, son discours au G20, la gestion rentable des entreprises lucratives du pays à l’étranger [3] et les milliards de dollars collectés au titre de «l’aide à la lutte démocratique», tout cela a été possible parce que l’opposition a participé aux élections législatives de 2015 et que Guaidó a pu obtenir 90 000 voix. Cette victoire de l’opposition lui a permis de présider le Parlement et de stimuler toutes ses campagnes internationales d’agitations et de «révoltes». S’il s’était abstenu en 2015, Guaidó n’existerait pas dans l’imaginaire politique et le gouvernement aurait traversé la période 2015-2020 en toute sérénité. Avec une opposition abstentionniste, le gouvernement Maduro n’a même pas besoin de commettre de fraude et peut se montrer beaucoup plus ouvert et «démocratique» qu’il ne l’est en réalité.
À la fin de l’année prochaine, il y aura des élections pour les maires et les gouverneurs. Le gouvernement compte sur une nouvelle vague de campagne abstentionniste pour remporter d’autres élections sans concurrence. C’est peut-être pour cela que, bien qu’étant si ouvertement répressif, il laisse Guaidó mener ses campagnes politiques sans toucher un seul cheveu de sa tête. Il est à penser que Maduro lui-même encouragera l’opposition à s’abstenir et favorisera leur immobilité. Mais que l’opposition elle-même veuille encore l’abstention, cela revient à ce qu’elle se mette un gilet en ciment juste avant de se jeter dans la rivière. Il va sans dire que le gouvernement bolivarien n’offrira jamais des conditions électorales optimales. Si l’opposition veut vraiment assumer son rôle, elle devra se battre bec et ongles sur le seul terrain où elle a un avantage: le terrain électoral, tant qu’il reste ouvert d’une manière ou d’une autre. En fin de compte, la seule grande victoire de l’opposition sur le gouvernement s’est produite lors d’élections.
Manuel Sutherland
(Article original publié sur le site Nueva Sociedad, en décembre 2020; traduction rédaction A l’Encontre)
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[1] Pour obtenir le total des sièges contrôlés par le gouvernement Maduro, il faut tenir compte de la composition du Gran Polo Patriótico Simón Bolívar (GPPSB) dirigé par le Partido Socialista Unido de Venezuela, allié à Unidad Popular Venezolana, Patria Para Todos, Movimiento Tupamaro de Venezuela, Movimiento Electoral del Pueblo, Por la Democracia Social, Corrientes Revolucionarias Venezolanas, Movimiento Somos Venezuela y Partidos Redes. (Réd.)
[2] L’Alianza Popular Revolucionaria (APR) est dirigée par le Parti communiste de plus en plus critique face au régime de Maduro, le PC est ici allié à des formations classées à gauche. L’Alianza Democrática a comme représentant le pasteur évangéliste Javier Bertucci. Les chiffres donnés ci-dessus dans le texte sont de la rédaction A l’Encontre, l’auteur ayant terminé son article antérieurement aux résultats finaux. (Réd.)
[3] Guaido a reçu la «direction» des deux firmes appartenant historiquement au Venezuela de la part du gouvernement américain: aux Etats-Unis, Citgo distribue de l’essence et d’autres sous-produits pétroliers; Monómeros est une firme analogue située en Colombie, à Baranquilla. (Réd.)