Une centaine de migrants en grève de la faim dans trois centres de rétention

Aujourd’hui 11 janvier, nous rejoignons nous aussi la lutte dans les centres de rétention* contre les conditions d’enfermement et les violences policières quotidiennes. Nous sommes déjà presque 40 en grève de la faim.

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Sur les conditions d’enfermement ici y a beaucoup à dire. Déjà la bouffe n’est pas bonne, rien n’est propre. Quand on mange, les policiers, ils nous regardent et utilisent leurs smartphones. On a l’impression qu’ils nous snappent, ce qui est sûr c’est qu’ils se moquent de nous.

Hier, à un vieux gars d'ici qui mangeait lentement, les policiers lui ont mis la pression pour qu'il finisse plus vite: « Hé India ! Hé India ! Dégage ! Il te reste plus qu'une minute ».

 Ici on nous respecte pas. Pour boire de l'eau c'est aux toilettes...

Si tu tombes malade, c'est qui qui te soigne? Pas la police en tout cas ! On nous traite comme des animaux et pendant les visites, la porte continue d'être ouverte, et les policiers écoutent tout ce qu’on dit. Ils nous empêchent tout contact physique avec nos proches, même de faire la bise à ta femme.

Ici il y a eu des histoires de viols pendant la fouille. On a décidé de pas tout casser. Parce qu'on veut pas se faire accuser "d'être des anciens taulards vénères", pourtant y a de quoi ici.

Ici tu peux même pas cantiner et la bouffe est vraiment dégueulasse.

Ici il y a plein de profils différents, travailleurs ceux avec un titres de séjour d'un autre pays mais que l'État veut quand même déporter au pays. Puis y a plein de nationalités enfermées ! Chez les femmes aussi, là-bas c'est la galère.

Même quand t'as ton passeport et que tu veux rentrer...Bah il se passe rien et on te laisse galérer. Nous ici on ne comprend rien. Hier on a parlé avec ceux du Mesnil-Amelot. Là-bas aussi c'est le système du bon et mauvais flic. Nous aussi on va lutter avec eux !

Ici, à Oissel, on nous a déjà gazés dans le bâtiment. Hier ils ont voulu prendre des contacts dans des smartphones en fouille pour voir de quel pays on pouvait venir. C'est totalement illégal !

Ici il y a beaucoup de gens ils se coupent les veines, on doit appeler nous même l'ambulance. Et quand la police arrive, la seule chose qu'elle veut savoir c'est qui a appelé. Et les flics nous engueulent. Y a un gars ici, il a des problèmes aux reins et il pisse du sang. Elle a
fait quoi la police ? Elle lui a donné un Doliprane. De toutes façons, à l'infirmerie c'est soit doliprane soit drogue.

Pour la justice... Même quand y a des vices de procédure on nous libère pas. On nous donne des numéros pour connaître nos droits. Personne n'a jamais répondu à nos appels. Après le premier communiqué, on avait vu le chef du centre. On avait décidé d'être gentils mais ça sert à rien.

Ce qu'on vit c'est le néo-colonialisme. La France a colonisé nos pays avant et maintenant fait ça... Nous on a toutes nos attaches ici : parents, copines, potos, famille. On nous dit que si on nous libère on va s'enfuir. Mais on va s'enfuir où ?

Y en a ici, ils sont venus pour demander la protection de l'État français. Et là, c'est la protection qui t'enferme ! Y en a marre de tout ça !

Nous les enfermés, on voit plus nos proches, les allers-retours CRA-Prison-CRA empirent encore tout ça. On va pas passer notre vie à être enfermés ! On appelle les autres centres de rétention à rentrer en grève de la faim avec nous et avec ceux de Vincennes et du Mesnil en banlieue parisienne !

Les retenus du CRA d’Oissel le 11/01/2019


Nos revendications

- Nous demandons la fermeture du CRA d’Oissel parce que les conditions de détention y sont horribles.
- Nous demandons que les policiers cessent de nous traiter comme des animaux.
- Nous réclamons des repas corrects.
- Le centre est sale : nous réclamons la propreté.
- Nous demandons que les personnes malades psychiatriques ne soient pas placés ici mais soient envoyées dans des lieux de soins.
- Nous réclamons que les retenus qui ont la gale soient soignés au lieu de contaminer tout le monde.
- Nous demandons l’arrêt des fouilles intégrales.
- Nous réclamons le respect de notre intimité durant les visites.
- Nous réclamons le respect de la part des policiers.
- Nous allons porter plainte.

Les Retenus d’Oissel en grève de la faim, le 12 janvier 2018

CONTACTS :
Cabines téléphoniques en zones de vie des personnes retenues
Zone hommes isolés : 02.35.68.61.56
Zone femmes et familles : 02.35.69.09.22

 ►Écouter LES CENTRES DE RÉTENTION EN LUTTE

Note

* Des grèves de la faim ont éclaté début janvier dans les CRA de Vincennes et du Mesnil-Amelot, en région parisienne.