Migrants : avec quels mots exacts dire comment des êtres vivent ?

Alex Gal

Alex Gal

Avec quels mots exacts dire comment des êtres vivent, sur des terres-pleins et des carrefours, dans les immondices,sur des bouts d'espaces des bretelles du périphérique - littéralement des hommes-déchets produits par Dublin III ? Il manque un nouveau vocabulaire, qui dise la violence, l'inanité, la stupidité et les effets désastreux de politiques migratoires à courte vue. "C'est un autre Paris ?" demande un tout jeune exilé. Oui, une autre ville, un autre monde à ses portes. Alors, comme le mot bégaie pour décrire la situation exacte, mais qu'il est besoin de dire aussi les salutations, les détritus et les rats, le gobelet de thé tendu avec un sourire, les feux de cageots réchauffant des hommes - et des femmes et des enfants, ailleurs - exténués, les tentes amarrées avec des pierres contre le vent et contre des bouts de murs, la gentillesse cependant, la honte certainement, les visages vieillis par l'épreuve et l'attente, les plaies, l'absurdité d'une histoire sans fin, il est plus simple de dire les engagements actifs, les Belges venus ce matin rendre visite au collectif Solidarité migrants Wilson, avec leurs voitures remplies et leurs crêpes, l'efficacité de ces savoirs acquis jours après jours, les autres maraudeurs rencontrés, le formidable Guide de la demandeuse et du demandeur d'asile réactualisé chaque mois, celles qui ramassent les détritus à la place de la voirie, celui qui apparaît avec des sacs de vêtements chauds, ceux qui viennent tout le temps et ceux qui viennent parfois, les mêmes et les nouvelles têtes, les liens et les langues, les infirmières bénévoles, la rencontre avec un jeune homme infirmier dans son pays d'origine, exilé, qui s'apprête à traduire pour ceux qui parlent sa langue. Ceux qui refusent (ces situations) et interpellent (les pouvoirs publics). Bravo, honneur à vous. 2050 à 2200 personnes exilées, à la rue.

Alex Gal

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Né entre voisins de La Plaine Saint Denis en novembre 2016, habitants de tout âge, toutes conditions et de toutes les couleurs de la race humaine notre collectif organise la solidarité au Nord de la capitale, porte de la Chapelle, coin obscur où politiques et police relèguent toutes les misères du monde car le coeur de la capitale doit rester coquet. Nous avons été rejoints par des Parisiens et des habitants de toutes les banlieues, et régulièrement on vient de province et de l’étranger pour prêter la main ! Nous aidons ceux que les pouvoirs publics tentent délibérément de “décourager “pour qu’ils “rentrent chez eux” en les privant de soins, de nourriture, de possibilité de dormir, de couvertures, d’accès à leurs droits légaux, et quasi-quotidiennement en les gazant et les matraquant ! Voici la triste réalité que notre présence sur place nous fait constater.

Solidarité Migrants Wilson