Ce qui régnait dans l’air de ces jours, par Arnaud Maïsetti

Deux tâches du début de la vie : réduire toujours plus ton cercle et vérifier encore et toujours si tu ne te trouves pas caché quelque part hors de ton cercle

Kafka, Aphorisme

Si les jours sont incertains, il n’est pas vrai que le choix l’est ; ou plutôt : que ces jours dépendront surtout de ce qu’on en fait – et d’abord, ce qu’on fera sans ceux-là qui n’ont que leur visage à montrer sur la libre expression d’un scrutin qu’on jugera peut-être sincère (ce sera la dernière plaisanterie de ces jours), ou malgré eux, ou à partir d’eux.

Le débordement : ce qui arrivera après l’incertitude des jours est déjà là, il suffit de changer la métaphore en occupation réelle du temps et de l’espace.

Rêve étrange de cette nuit : le soir, on allumait de grand feux dans la ville comme si c’était une forêt, et on les regardait brûler. Certains sautaient au-dessus du brasier, et disparaissaient de l’autre côté, d’autres jetaient des morceaux de leur corps dans les cendres chaudes.

Les chiffres ne diront pas ce qui régnait dans l’air ces jours ; les chiffres certains d’eux mêmes jusqu’au delà de leur virgule ne diront pas ce soir la certitude qu’on possédait, de ce qui allait suivre ces jours.

(Images : prises malgré moi, mais par moi.)