Prémisses d'une nouvelle force politique, par Christian Perrot

8 heures du matin. France Info: un reportage de quelques minutes plutôt honnête sur les manifestations d'hier à Paris, Nantes et Rennes. On entend les slogans - "Et tout le monde déteste la police", "Flics violeurs assassins" - derrière la voix de la journaliste. Zéro commentaire négatif. Voilà ce qui se construit à partir de groupes comme Blocus Paris, Nantes Révoltée, Rebellyon, Treize énervés, Lille Offensive, Réponse au Racisme et beaucoup d'autres semblables, un peu partout en France - une force politique capable de se faire entendre. Et c'est complètement sous le radar des éditorialistes et journalistes des "Services politiques", qui n'imaginent pas qu'il puisse se passer autre chose en ce moment que la campagne électorale. Grand point marqué : pour la première fois, en tout cas à une échelle qui oblige les média à en parler, les centre-ville ont rejoint la banlieue dans la lutte contre les violences policières. Et la banlieue l'a vu et entendu. La génération ingouvernable est déjà une force qui change les choses. Ce qui a été appris au printemps n'est pas perdu en automne. Les manifestations sauvages, qui échappent à un énorme dispositif policier, font un bruit qui fait que le nombre de manifestants n'est plus si important. Nous sommes dans un monde où manifester publiquement son refus (ou son soutien, les deux) fait déjà événement. Inverse l'ordre du jour. C'est pourquoi nous vous en informons dans L'Autre Quotidien. Celui qui ne pense pas que l'événement politique du jour, c'est le retour (ou non) de François Bayrou.

Christian Perrot